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La caille à travers les expressions populaires

11 mars 2007 at 15 h 36 min

Quelques expressions populaires faisant référence à la caille:

« Chaud comme une caille »
Cette expression peut être prise dans deux sens:
-D’abord un sens littéral: plusieurs auteurs, dont Buffon, disent qu’il y a plus de chaleur dans le corps des cailles que dans celui d’autres oiseaux. Ce dernier ajoute même que les chinois s’en serviraient pour se réchauffer les mains. Dans le « Dictionnaire du bas-langage ou des Manières de parler usitées parmi le peuple » (1808), D’Hautel, relève que cette expression s’applique à « quelqu’un de brulant et de très agité ».
-Le second sens fait allusion à la vigueur sexuelle de la caille et dérive en partie du premier sens: la chaleur du corps de la caille est censée se transmettre au corps de celui ou celle qui la consomme et le pousser à l’acte sexuel.

Pour cette raison, la caille a une réputation aphrodisiaque, et est très prisée par les romains. Elle figure d’ailleurs au menu de tous les repas orgiaques.
Au moyen âge, le coeur de caille rentre fréquemment dans la fabrication de filtres d’amour. Plus tard au 16eme siècle, certains médecins conseillent aux époux de porter sur eux un coeur de caille afin d’entretenir la flamme conjugale. Le mari doit porter en permanence sur lui un coeur de caille mâle, tandis que la femme porte le coeur d’une femelle.
Cela permet aussi d’une façon générale de s’attirer l’amour de son entourage et de faciliter les conquêtes amoureuses. L’expression « Une caille coiffée » désignait une femme amoureuse, ou ardente en amour. D’Hautel les définit comme « des femmes sans pudeur, qui prennent des airs libres et dégagés ».

En Angleterre (mais aussi en France) le nom de l’oiseau à pris un sens plus radical: Il est devenu synonyme de prostituée ou de courtisane (en raison de l’attitude lascive prêtée à la caille).

Carte vivante du restaurateur (19eme siècle): un boeuf à la mode et une caille

Dans la gravure ci-dessus on peut voir une jeune et jolie femme (« la caille », personnifiée par l’artiste) assise à la table d’un restaurant, et ardemment courtisée par son voisin. La légèreté de moeurs de cette dernière, qui plus est dans un lieu public, laisse soupçonner qu’il s’agit d’une courtisane, ou tout du moins d’une femme entretenue.

On retrouve dans plusieurs villes européenes des « rues des cailles », dont le nom vient directement de leur fréquentation par des prostituées (Il peut également exister d’autres raisons, cf article toponymie). C’est sans doute à cause de cela qu’encore de nos jours, le terme de « caille » s’applique en argot à une jolie fille, peu farouche.

Les migrants européens qui se sont rendus aux états unis dans le courant du 19eme siècle ont emporté avec eux cette image, comme en témoigne le jeton ci-dessous. Ce dernier, datant de 1875, provient d’une maison de passe. On peut y voir une pièce de monnaie conventionnelle sur laquelle on a fixé au dos une représentation de caille.

Au Japon en revanche, la caille est un symbole d’amour et de fidélité.
Ce type de symbolique, assez paradoxale peut également se retrouver en Europe. Voici ci dessous le détail d’une fresque située au 1er étage des archives du Vatican à Rome (salle des patriarches). Il s’agit d’une personnification du mariage: la femme à les cheveux attachés, et le regard tourné vers le bas en signe de chasteté. Elle tient dans son tablier une caille symbole d’amour et de fidélité, l’oiseau même que dieu avait envoyé au peuple d’Israël afin de les nourrir alors qu’ils se trouvaient dans le désert.

« Gras, rond comme une caille »
La caille a une forme ronde, et a une propension naturelle à accumuler des réserves de graisse à la fin de l’été. Cela lui permet d’entreprendre son voyage retour vers l’Afrique. Ces réserves sont spectaculaires, et les cailles ont parfois beaucoup de mal à s’envoler. La caille est chassée à cette période précise (fin août / début septembre) et est particulièrement recherchée. La graisse accumulée exhale la finesse de sa chair, et en fait un met de choix. Sa rondeur est devenue au fil du temps proverbiale…

« Querelleur comme une caille »
Cette expression, aujourd’hui tombée en désuétude, fait référence directement à la nature querelleuse des mâles cailles des blés. Dès le Veme siècle avant JC, Aristophane écrivait à propos d’enfants en train de se disputer « Ils sont querelleurs comme des cailles tenues en cage ».
Il suffit bien souvent de mettre deux mâles en présence pour déclencher immédiatement un combat, qui peut aller jusqu’à la mort si l’on les sépare pas. Cette aptitude naturelle à souvent été détournée, et cela dès l’antiquité, pour organiser des combats publics.
A noter que ces pratiques, qui ont progressivement disparues en Europe, se sont poursuivies jusque dans les années 1950, et même au-delà, dans de nombreux pays asiatiques.
« Ma caille » (sens affectif)
l’expression « La caillette » désignait à l’origine une femme frivole et bavarde. D’Hautel relève qu’il peut même agir d’un « nom injurieux que l’on donne à une commère ou une méchante langue ».
Par extension (sens de frivole), cela pouvait également désigner une femme élégante, ou une femme ardente.

chocolat guérin boutron, la caille

Sur cette gravure éditée par les chocolats Guérin Boutron au début du 20eme siècle, on peut d’ailleurs voir l’oiseau personnifié sous la forme d’une jeune femme d’apparence frivole (chapeau et manteau élégant) et apparemment sensible au froid (malgré son manteau doublé de fourrure, cette dernière se tient devant la cheminée).
Ce terme (ex: « ma caille ») peut également avoir un sens affectif en langage familier, et désigner un enfant ou une jeune femme.
Aujourd’hui encore, une « caille » en argot populaire désigne une jolie fille, aux mœurs légères.

Sur la carte postale humoristique ci-dessous (Te parfumes tu pour déguster une caille sur canapé?) c’est ce sens qui à été retenu.

caille sur canapé

« Chasser la caille »
Il est intéressant de remarquer que le terme populaire de « caille », désignant une jolie fille peu farouche, donnera par extension l’expression « chasser la caille » (« Draguer » de jeunes filles), toujours utilisée de nos jours. Cette expression est déjà employée au 18eme siècle.

Gravure 18eme siècle, Elle est prise

Gravure de Debucourt (18eme siècle) »Elle est prise »

Sur la gravure ci-dessus, on peut observer le parallèle entre la servante, courtisée et séduite par un jeune galant, et une scène de chasse au filet située sur la gauche, ou l’on voit un oiseleur en train de capturer des cailles. L’auteur compare sans équivoque chasse et séduction, comme le montre le titre choisi: « Elle est prise ».
Cette expression devient monnaie courante à partir du 19eme siècle. comme le montrent de nombreuses gravures, cartes postales, mais aussi certaines chansons populaires ou paillardes de l’époque. C’est alors que nait l’image d’un chasseur épicurien, gai luron, qui profite de son loisir favori pour séduire de jeunes paysannes, servantes, rencontrées au détour d’un chemin.

Carte postale érotique de G Mouton, fin 19eme, début 20eme siècle « Moi je ne chasse que la caille! »

chasseur de caille

Chasseur de cailles « N’ayez pas peur mademoiselle,je ne suis pas un boche!… »

Ci-dessus, un dessin paru en couverture de la revue humoristique le sourire du 09/02/1907:
« -Dis donc, petite, ou peut-on trouver de la caille par ici?
-A la ferme, dans ma chambre, monsieur l’comte. »

Cette image du chasseur bon vivant n’est pas seulement l’apanage de la France, comme le montre cette gravure allemande de la première moitié du 19eme siècle. On peut y voir un bel exemple de « drague » champêtre. Elle est intitulée « Die Hühnerjagd » (littéralement « chasseur de poules »), mais sa traduction la plus fidèle en français serait sans aucun doutes « Chasseur de cailles ». On remarquera d’ailleurs au passage les cailles portées à la ceinture par le chasseur.

Cette carte postale humoristique éditée dans les années 1950/60 montre que l’expression à perduré tout au long du 20ème siècle, jusqu’à nos jours. Notre chasseur séducteur est encore à l’oeuvre, et ne perd pas de vue son « gibier ». La séduisante jeune fille, un brin aguicheuse, représentée aux côtés du chasseur illustre sans aucune équivoque le sens populaire de l’expression « jolie caille ».

Pluies de cailles

11 mars 2007 at 15 h 35 min

Les cailles sont capables d’effectuer des vols sur des distances importantes. Toutefois, comme la plupart des gallinacés, elles ne sont pas des spécialistes du vol.
Lorsque des vents contraires se lèvent, ou de violents orages, il peut arriver que des vols entiers de cailles s’abattent sur le sol. Les oiseaux sont alors dans un tel état d’épuisement qu’ils se laissent capturer à la main.

Un épisode fameux de la bible mentionne ce phénomène : alors que les hébreux traversent le désert, guidés par Moise, un grand vol de cailles s’abat sur leur camp et les sauve de la famine (Exode 16-13 et livre des Nombres 11-31). http://www.cailledesbles.fr/la_caille_dans_la_bible3031972/

Ce type de faits est encore assez fréquent vers la fin du 19eme siècle, et au début du 20eme siècle, et se produit parfois au dessus de grandes villes.
C’est le cas à Royan le 25 août 1913, ou après un très fort orage, une pluie de râles et de cailles s’est abattue sur la ville. Les promeneurs ramassaient les oiseaux épuisés jusque sur les terrasses des cafés.

Ce phénomène à été observé également à plusieurs reprises en Espagne, notamment sur les côtes de Huelva et Cadix (1883). Il s’est produit à Bilbao le 23/09/1906, à Madrid le 07/09/1907. Il à été observé pour la dernière fois à Santander le 25/09/1940, et semble coïncider avec une forte tempête.

Un texte de Karl DANT relate une pluie de cailles qui s’est abattue sur la ville de Berne en octobre 1907 :
« De toutes part on a signalé des passages très importants de cailles et d’étourneaux, dans la nuit du 9 au 10 octobre 1907. Survolant la ville de Berne par une pluie battante, ils avaient envahi les places publiques, les rues, le hall de la gare et les quartiers extérieurs. Un témoin oculaire rentrant du théâtre en avait trouvé au sol à chaque pas. Le guet de la cathédrale avait entendu leurs cris toute la nuit. Le gros de la troupe, qui pouvait bien compter 20 000 individus, avait survolé la ville entre 22h00 et 24h00. Le lendemain, on pouvait les ramasser à la corbeille dans les corridors et sous les bancs publics ; le toit du palais fédéral en était garni. Un commerçant en découvrit même deux vivantes dans sa corbeille à papier ! Pendant plusieurs jours encore on en trouva en pleine ville et ceci jusqu’au 17 octobre. »

Fait moins connu, ce type de phénomène se produit également aux abords des phares électriques possédant une grande intensité lumineuse. Dans un article datant de 1922, Pierre Salvat, inspecteur des eaux et forêt, raconte avoir constaté plusieurs fois que des vols de cailles s’était abattus en pleine forêt, non loin du phare de la Coubre, au nord de l’estuaire de la Gironde. Le calendrier lunaire ne semble jouer selon lui aucun rôle dans les passages de cailles, qui se font par vent debout.

Hector Giacomelli

11 mars 2007 at 15 h 35 min

Hector Giacomelli (1802-1904) est un aquarelliste, graveur et illustrateur français reconnu. Ce dernier a illustré des livres de jules Michelet, Alfred de Musset… Il est célèbre surtout pour ses dessins d’oiseaux.

Hector Giacomelli

Voici quelques exemples de son oeuvre, retrouvés dans plusieurs journaux du 19eme siècle.

Cette magnifique gravure en grand format représente une caille sur son nid, ainsi que plusieurs cailleteaux. Cette dernière illustre la couverture du journal « La semaine agricole », en date du 30/07/1882.

Le nid de caille, par M.Giacomelli

La gravure était accompagnée de l’article ci dessous, disponible en téléchargement:

la semaine agricole

Voici une magnifique gravure en grand format (35×52) qui démontre toute la maitrise de l’artiste. Elle est intitulée: « L’Automne- Le départ des cailles » et à été publiée en 1870 dans le journal « Le Monde Illustré », avec lequel Giacomelli à plusieurs fois collaboré.

le départ des cailles, hector giacomelli

Voici une autre très belle illustration destinée à encadrer un poême de André Theuriet « La caille », publié dans le journal « L’illustration », en date du 04/10/1879.

Poême de Andre Theuriet

Le départ des cailles

11 mars 2007 at 15 h 33 min

Voici une très belle gravure de Hector Giacomelli intitulée: « L’Automne- Le départ des cailles » extraite du journal « Le Monde Illustré » (1870). Ce dessin illustre la croyance erronée, encore en vigueur à la fin du 19eme siècle, selon laquelle les cailles effectuent une partie de leur migration par voie terrestre. On peut les voir sur le dessin se faufiler dans un sous bois, guidées par leur chef.

le départ des cailles, hector giacomelli

Au dessous de la gravure figure un poème de Adrien DEZAMY:

L’automne est venu: voici le moment
Ou partent les cailles.
On en voit passer tout un régiment
Parmi les broussailles

Trottinant après le chef qui conduit
Leurs tendres nichées,
Elles vont sous bois… par le moindre bruit
Tout effarouchées.

L’oreille aux aguets, restez en éveil;
Le Chasseur est proche:
Mieux vaut se rôtir aux feux du soleil
Qu’au feu de la broche…

Frileux oiselets, au ventre arrondi,
octobre s’avance!
Par-delà des mers, volez au midi,
Fuyez loin de France

Mais sitôt qu’Avril fera dans nos champs
Germer les semailles,
Revenez-nous vite, avec vos doux chants,
Mesdames les cailles!

Adrien DEZAMY

Le commerce des cailles sur les bords de la Méditerranée

11 mars 2007 at 15 h 32 min

Voici une magnifique gravure signée J. Tinayre, extraite du monde illustré du 29/10/1892. Cette dernière est intitulée « Marseille, Débarquement d’un arrivage de cailles d’Egypte »..


La gravure, remarquable de précision, montre le débarquement sur le quai de Marseille de plusieurs centaines de caisses de cailles vivantes en provenance d’Egypte.
Cette gravure montre l’ampleur quasi industrielle des exportations de cailles, et plus encore, l’ampleur de la consommation de ces oiseaux en France. Encore ne s’agit il que d’un débarquement dans le seul port de Marseille! On devine aisément que de telles exportations d’oiseaux ont pu avoir lieu dans de nombreux autres ports européens et ont probablement concerné plusieurs millions d’oiseaux, et cela plusieurs dizaines d’années durant.
Gebwiller estime qu’au 19eme siècle, ce sont près de 9 millions d’oiseaux qui sont capturés et exportés annuellement par l’Egypte vers différents pays. Malgré une baisse des effectifs, trois millions d’oiseaux sont encore capturés dans ce pays, puis exportés en 1920. Un auteur relève encore en 1956 l’envoi de 350 000 cailles en provenance d’Egypte, et encore, il ne s’agit que des oiseaux à destination de la France!
Joseph Oberthur fait référence dans l’un de ses textes à ces cailles importées d’Egypte:
« Beaucoup de gens n’ont jamais mangé d’autres cailles que celles, de provenance égyptienne, qui nous arrivent en caisses après avoir été engraissées artificiellement. Elles sont souvent amères et n’ont aucune des qualités de délicatesse qu’on trouve chez nos belles petites cailles de vigne, si grassouillettes qu’elles laissent une tâche graisseuse dans la poche du carnier. »
Les captures de cailles sont telles qu’elles entraînent vers 1920 la disparition des migrations de cailles, autrefois décrites dans la bible, à proximité de la mer rouge.
La capture de centaines de milliers d’oiseaux sauvages en Egypte (la vallée du Nil est une importante veine de migration) est elle liée à la baisse en France des effectifs de caille des blés, signalée par plusieurs auteurs cynégétiques de l’époque? Difficile de l’affirmer, car les cailles Égyptiennes migrent en Italie et dans les pays avoisinants, et ne concernent pas, à priori, la France (les cailles françaises arrivent par le détroit de Gibraltar, puis franchissent les pyrénées). On peut imaginer néanmoins que de tels trafics d’oiseaux ont existé dans plusieurs autres pays du Maghreb, et ont concerné les effectifs résidant en France, expliquant en partie une première baisse du nombre de cailles entre la fin du 19eme siècle et la fin des années 30.

Les captures de cailles ne se limitent pas toutefois au seuls pays du maghreb. Lors de leurs migrations, les oiseaux voyagent au dessus de la méditerranée et se posent en masse sur certains îlots (Île de Délos, Chypre, Sardaigne…) qui leur servent d’étape. Les oiseaux sont dans un tel état d’épuisement qu’ils se laissent capturer à la main.
A .Toussenel écrit à ce sujet dans « Le Monde des oiseaux »:
« Dans certaines îles de l’archipel et sur certaines côtes du Péloponnèse, les habitants, hommes et femmes, n’ont pas d’autre industrie pendant deux mois de l’année que de ramasser les cailles qui leur pleuvent du ciel, de les plumer, de les vider, de les saler et de les encaquer dans des barils pour les expédier ensuite dans tous les grands centres de consommation du levant; c’est à dire que le passage des cailles est pour cette partie de la Grèce ce que les passages des harengs est pour la Hollande et l’écosse. Les tendeurs de cailles arrivent sur la plage une quinzaine de jours à l’avance, et numérotent leurs places pour éviter les contestations. »
Gaston Rambaud relève qu’à Naples en 1830, 150 000 oiseaux ont été capturés au moyen de filets, et encore 56 000 en 1897.
Les revenus générés par la capture des cailles sont tels qu’ils sont l’objet d’impôts! A. Toussenel rapporte que l’évêque de Capri (un îlot au large du sud de l’Italie) avait eu l’idée de lever un impôt sur la capture et le commerce des cailles dans l’île. Ce dernier percevait jusqu’à 25000 francs de revenus annuel (soit l’équivalent de 150 000 cailles capturées). En raison de cet impôt, ce dernier avait même hérité du surnom d’évêque des cailles…
Selon Elzear Blaze, les cailles étaient capturées de la même façon sur les côtes de Provence jusqu’à ce que ce type de chasse soit finalement interdit à partir de 1840.

A cela s’ajoute la prédation naturelle, les actes de braconnage (voir article « Braconnage sur l’îlot des Freirets » dans cette même rubrique) et les prélèvements « traditionnels » destinés à une consommation locale (voir également article: « La chasse aux cailles sur la côte de Syrie » dans cette rubrique).
Face à de tels prélèvement, ont peut s’étonner du fait que l’espèce ait survécu.
André Toussenel conclut très justement à propos des captures de cailles: « Cette espèce est probablement la plus féconde de toutes les espèces volatiles, et il ne lui fallait pas moins que sa fécondité extraordinaire pour résister à la guerre d’extermination que lui ont déclaré tous les peuples civilisés et tous les oiseaux de proie de la terre. »

Piégeage des cailles en Italie du Sud

11 mars 2007 at 15 h 31 min

La gravure ci dessous à été publiée dans le journal anglais « The Graphic » (édition du 03 septembre 1892). Cette dernière est intitulée « Quail netting in southern italy » (Le piégeage des cailles dans le sud de l’Italie).

quail netting in southern italy, the graphic, 03 sept 1892

Cette gravure montre un mode de chasse qui a été pratiqué, probablement pendant des siècles, par les habitants du sud de l’Italie. La scène se déroule vraisemblablement dans la région de Naples, comme le suggère le volcan en arrière plan.
Une soixantaine de cailles, préalablement aveuglées, sont placées dans des cages afin de servir d’appelants. Les caisses contenant les oiseaux sont ensuite hissées sur des plateformes, quelques mètres au dessus du sol. Leur chant est assez puissant, et semblable au bruit d’un homme qui frapperait des pierres l’une contre l’autre. Il permet d’attirer vers les filets les cailles sauvages en train de migrer. Lorsque les vols de cailles épuisées se posent à proximité, des femmes agitent des branches afin de les acculer en direction des filets.

Ce type de chasse, extrêmement meurtrier, avait lieu à l’automne et au printemps. Il était pratiqué en Italie, mais aussi sur les côtes de Provence, en Espagne, en Grèce, et dans les pays du maghreb. Il n’a disparu, malgré les interdictions, qu’à la fin de la seconde guerre mondiale.
Ce sont les mines qui encombraient les plages italiennes, au lendemain du conflit mondial qui ont empêché les habitants de la région de Naples de poursuivre ce mode de chasse.
Des réglementations visant à faire cesser la capture des cailles au printemps apparaissent progressivement. L’importation de cailles est interdite avant le mois de juillet dès 1937 en France et en Angleterre, pays ou se situent les principaux débouchés. Par la suite, la guerre à porté un coup très sensible au commerce des cailles, tel qu’il était pratiqué avant le conflit, en désorganisant le marché.
Les pays méditerranéens prennent, vers cette même période, des mesures pour interdire, progressivement, la chasse des cailles au moyen de filets au printemps (Egypte, Afrique du Nord). Les chasses au filet sont même interdites toute l’année en Espagne. Elle ne subsisteront que dans quelques pays, comme l’italie, et surtout l’Egypte, ou elle constituaient une vraie industrie. Ces pays autoriseront, quelques temps encore, ce mode de chasse, mais uniquement pendant l’automne.

Piège à caille

11 mars 2007 at 15 h 31 min

Voici une très belle gravure extraite d’un exemplaire du journal « La chasse illustrée » (1868-1869)intitulée « La chasse aux cailles ».

Piège à cailles

Cette gravure représente un carré de Tournesol encore sur pieds situé au milieu de ce qui semble être d’un vaste chaume de blé.
Tout autour du carré de Tournesol sont disposées de grandes nasses. Elles semblent former de grands tunnels parallèles. On distingue une grande perche qui dépasse des tournesol. En haut de cette dernière on peut voir une petite cage avec une caille appelant. Attiré par son chant, de nombreux oiseaux se sont massés autour du dispositif.
Tout autour de cette installation on voit des rabatteurs, munis de bâtons qui convergent en direction des nasses. On devine que ces derniers encerclent l’installation et poussent progressivement les oiseaux, qui finissent par entrer dans les nasses.

La chasse aux cailles sur la côte de Syrie

11 mars 2007 at 15 h 30 min

Dans un article publié dans le journal « L’univers illustré » en date du 17/02/1866, P.Dick raconte une véritable scène de « pêche à la caille » sur la côte de la Syrie. Les populations locales ont depuis longtemps appris à anticiper l’arrivée de ces petits oiseaux migrateurs. 
L’arrivée des oiseaux est magnifiquement décrite, et montre l’ampleur gigantesque des vols de cailles, vers la fin du XIXeme siècle:
« C’est de nuit qu’elles arrivent; nous pourrions dire qu’on les voit arriver, car de vigilantes sentinelles les attendent avec la mission toute spéciale de percer des yeux la brume, pour signaler du plus loin qu’il se peut leurs épaisses phalanges. Dans la nuit la plus sombre, leur masse obscurcit encore l’horizon; le battement seul de leurs ailes, que la brise de mer apporte comme un souffle de tempête, suffit du reste pour les trahir d’une longue distance auprès d’une oreille exercée. Les cha­cals mêmes cessent un moment leurs cris sauvages, pour écouter ce bruit toujours croissant qu’ils savent annoncer une ample provision de chair fraîche. « 
Ces dernières arrivent de nuit, épuisées par leur voyage et se posent en masse sur la plage. Les habitants de plusieurs villages se réunissent et encerclent les cailles. En réduisant progressivement leur cercle, ils obligent les oiseaux à se réfugier vers l’intérieur. Lorsque ces derniers sont acculés, il n’y a plus qu’à utiliser des filets, de type éperviers, pour les attraper.
A noter la très belle gravure qui illustre l’article.

chasse sur les côtes de syrie

L’article intégral est disponible ci dessous en téléchargement:

CHASSE AUX CAILLES SUR LA COTE DE SYRIE

Appeau à caille

11 mars 2007 at 15 h 30 min



Voici un ancien appeau à caille, destiné à reproduite le cri de la femelle. Il date très probablement de la première moitié du 20eme siècle, ou de la toute fin du 19eme siècle. Ce dernier à été fabriqué de façon totalement artisanale et se compose d’une bourse en cuir, remplie de crin. Il est doté d’un embout en os. Traditionnellement, les os utilisés pour les embouts des appeaux à caille sont le plus souvent des os de lapins, lièvres, ou même parfois de chats.
Ce type d’appeau était autrefois principalement utilisé pour la chasse au filet (hallier). Il s’agissait de contrefaire au moyen de l’appeau le cri d’une caille femelle, et d’attirer ainsi les mâles dans le filet.
La fabrication de ce type d’appeaux est ancienne, et est restée probablement inchangée durant plusieurs siècles. On remarquera que Diderot mentionnait déjà les détails de sa fabrication dans son encyclopédie à la fin du 18eme siècle:
« L’appeau de la caille est fait d’une petite bourse de cuir pleine de crin, à laquelle on ajuste un sifflet fait d’un os de jambe de chat, de cuisse d’oie, d’aile de héron, etc… qu’on rend sonore avec un peu de cire molle »

La chasse au moyen d’un appeau et d’un hallier demande à la fois doigté et expérience. Cette dernière est évoquée par René Primevère Lesson dans son « Manuel d’ornithologie domestique ou guide de l’amateur des oiseaux de volière », Roret, publié en 1834:
« Voici maintenant comme se fait cette chasse. Dès qu’on entend chanter un mâle de caille que l’on veut prendre, il faut s’avancer doucement près de lui à la distance tout au plus de cinquante pas: on place alors un filet parmi le blé, de façon cependant qu’il puisse bien poser sur la terre, sans quoi l’oiseau passerait dessous et s’échapperait, après quoi on se retire quelques pas en arrière. La caille chante-telle? on donne de son côté deux ou trois coups de l’appeau, de manière que, lorsque la caille se tait, l’appeau ne fasse entendre qu’un ou deux tons, précisément comme la femelle. Il faut au surplus, avoir soin de ne pas faire trop d’appels, des sons faux ou inégaux; car dès que l’oiseau s’aperçoit de la supercherie, il s’éloigne aussitôt ou garde le silence, et ne retombe plus dans pareil panneau. C’est une chose surprenante de voir comment la caille va toujours directement à l’appeau, et sait si bien le trouver que si par hasard elle passe sous le filet, elle approche assez du chasseur pour qu’il puisse la prendre avec la main ; dans le cas où l’on s’aperçoit qu’elle est passée à côté du filet ou dessous ; il faut se rendre doucement du côté opposé, et lui répondre à l’ordinaire avec l’appeau; on peut encore ainsi la tromper. Il y a des cailles qui savent fort bien éviter le filet, surtout lorsqu’il est placé dans un lieu trop dégagé et trop éclairé; il est bon dans ces circonstances, de former des angles aux deux bouts dans lesquels, quand elle voudra en faire le tour, elle s’embarrassera facilement. »
A noter que ce type de chasse à été interdit, tout du moins officiellement, à la suite de la signature par la France de la convention internationale du 19/03/1902 (décret d’application du 12/12/1905).

Gravure attribuée à Joseph Stradanus (Bruges, 1523 – Florence, 1605)et extraite de l’ouvrage ‘Venationes ferarum, auium, piscium. Pugnae bestiariorum: et mutuae bestiarum », vers 1578. Elle représente une scène de chasse à la caille au moyen de filets et d’appeaux.

Plus curieux, l’appeau peut également être utilisé pour la chasse au chien d’arrêt comme le raconte G.Dolbeau dans un article publié en juillet 1960 dans le mensuel « Au bord de l’eau, plaine et bois ».
« M’arrêtant autant que possible face au vent s’il se faisait sentir, je glissais deux cartouches à charge réduite (…) dans mon calibre 16, que je plaçais sur le bras gauche, et sortait de ma poche un appeau que je disposais à plat dans la main gauche, la partie métallique sortant entre l’index et le majeur. De la main droite je frappais avec l’index et le majeur la bourse de l’appeau à petits coups saccadés, imitant ainsi le chant de la caille: coc co loc, coc co loc… La réponse ne se faisait pas attendre, et mon chien qui l’avait entendue et y était habitué se dirigeait immédiatement vers le lieu d’où elle venait. Calmement, la tête assez haute, le cou tendu, fléchissant sur ses membres, le corps rasant la végétation, il avançait par saccades, s’arrêtant, repartant, frétillant de plus en plus vite du moignon qui lui servait de queue. Ayant remis mon appeau en poche, je le suivais pas pas, le fusil prêt; quelquefois la caille s’envolait brusquement à quelques mètres du chien, mais le plus souvent ce dernier marquait l’arrêt ferme, immobile, une patte levée; la caille alors partait, rasant le sol, elle n’avait pas fait 15 mètres que, la couvrant bien, je la tirais. »
Cette chasse appartient t’elle au passé? Rien de moins sûr.
Si les appeaux en cuir et en os ne sont désormais plus que des objets de collection, ils ont été avantageusement remplacés.
J’ai souvent été intrigué, et cela depuis plusieurs années, par l’important nombre de CD, mais aussi d’appeaux électroniques reproduisant le cri de la caille (ce sont de petits appareil munis d’un haut parleur, sur lesquels sont enregistrés le chant de l’oiseau) en vente dans certains pays comme l’Italie. Malgré le fait que leur utilisation à la chasse soit formellement proscrite, l’article de Mr Dolbeau permet tout à fait d’imaginer quelle pourrait être leur utilisation…

Flasque

11 mars 2007 at 15 h 27 min

Voici une très jolie flasque de fabrication anglaise en métal argenté (fin 19eme siècle). Sur cette dernière on peut voir une très belle gravure représentant deux cailles. On remarquera l’ingénieux bouchon télescopique. Déplié, ce dernier se transforme en un amusant petit gobelet. Au dos de la flasque figure l’élégant monogramme « H » de son ancien propriétaire.

Flasque vue complete Flasque et gobelet telescopiqueFlasque dos