Petits massacres entre amis…

26 septembre 2010 at 9 h 00 min

Voici quelques vidéos dénichées sur internet par Marc Montaigut, trésorier de l’association. Plusieurs d’entre elles montrent des hommes qui s’amusent à tirer des cailles dans le désert depuis leur 4×4 (Lybie, Syrie, et probablement quelques autres pays du Maghreb que je laisse le soin aux visiteurs d’identifier). Les tirs sont réalisés avec une carabine 22 long rifle et ne laissent aucune chance aux oiseaux, totalement à découvert en milieu désertique.
Elles se passent de tout commentaires. Des dizaines voire des centaines d’autres vidéos similaires existent: elles ne concernent malheureusement pas que les cailles, mais aussi les tourterelles, grues cendrées, et d’une façon générale tous les oiseaux migrateurs qui passent au dessus des zones désertiques, et s’y font massacrer…
Petit « florilège » ci-dessous concernant la caille des blés:

Videos de chasse

24 juin 2010 at 21 h 30 min

La plupart des appareils photos et des téléphones portables permettent désormais de réaliser des vidéos de qualité tout à fait acceptable. Tout le monde ou presque à donc désormais la possibilité d’immortaliser une scène de chasse…
Si jamais vous avez en votre possession des vidéos de chasse concernant la caille des blés, n’hésitez pas à nous en faire part. Elles seront insérées sur cette page, avec vos éventuels commentaires.


Vidéo postée par Mr Michel Gay.
Très jolie action de Samba, setter anglais femelle appartenant à l’un de ses amis. Cette scène à été filmée sur la commune de Villemur sur Tarn (31) il y a 3 ans.

Quelques ruses…

15 juin 2007 at 21 h 25 min

La saison de la chasse de la caille est très brève. C’est une chasse d’été qui ne dure que l’espace de quelques semaines, le temps de la migration, entre la fin du mois d’août, et le début du mois d’octobre. La chaleur est souvent présente à cette période de l’année et rend particulièrement difficile le travail des chiens. Ils éprouvent souvent de grandes difficultés à localiser des oiseaux de petite taille sur les sols secs.
Les deux principaux moyens de défense des cailles face aux chiens d’arrêts consistent à piéter ou à se blottir. Elle courent entre les rangées d’herbes, dans lesquelles elles laissent leur odeur, tout en entrelaçant leur piste afin de désorienter les chiens. Il n’est pas rare qu’elles tournent autour d’eux, et même parfois autour du chasseur. La caille ne s’envole qu’en dernier recours, quand on s’y attend le moins…
En introduction du chapitre sur la caille des blés, dans l’ouvrage « Anthologie du petit gibier », Jean Jacques Brochier écrit à ce sujet: « La caille ruse, tourne, piète, revient, se coule dans l’herbe verte (…), et le chien le plus patient finit, parfois, par se lasser. Il faut des chiens d’arrêt qui chassent nez au vent; s’ils suivent à la trace, ils deviendront fous au milieu de tous ces lacets. J’ai vu une fois une caille, qui avait plusieurs détours d’avance sur le chien, lui passer entre les pattes, sous le ventre, sans qu’il s’en rende compte, tout obsédé qu’il était à débrouiller l’écheveau. »
Une fois bloquées, elles tiennent généralement bien l’arrêt. Celui ci peut d’ailleurs durer plusieurs minutes (contrairement a certaines inepties que l’on peut entendre -ou lire- ici ou la..).
Même à l’arrêt des chiens, il est difficile de les distinguer au sol en raison de l’excellent mimétisme de leur plumage.

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Elles mettent quelquefois ce temps à profit pour tenter de s’échapper. Souvent après avoir couru 15 ou 20 mètres, elles se lèvent brusquement. Le temps d’épauler, les voici presque hors de portée…
Elles se lèvent seules, parfois en groupe (souvent des nichées). Leur vol est généralement assez bas et rectiligne. Elles ne dédaignent pas à l’occasion faire de petits crochets, surtout lorsqu’il y a du vent.
Une fois levées, elle vont se réfugier habituellement dans les récoltes qui jouxtent le champ ou elles se trouvent (tournesol, mais, etc..). Il est parfois assez difficile à cause de cela de les relever.
Les cailles effectuent à l’occasion des « sauts de crapaud » tout comme les bécasses. Il s’agit de petites envolées « tactiques » et silencieuses. Cela se produit le plus souvent lorsque le chien est occupé à démêler leur piste dans les herbes, et que son attention est attirée ailleurs. La caille en profite pour se lever en voletant, et va se poser sans bruit, quelques mètres plus loin pour l’égarer.
J’ai constaté à plusieurs reprises que les cailles sédentaires de fin de saison, qui avaient été maintes fois levées (et ratées), devenaient de plus en plus difficiles à chasser. Elles finissaient par se lever seules, plus de cinquante mètres devant les chiens, rien qu’à leur seul bruit, ou à celui des chasseurs,(et donc largement hors de portée de tir). Ces perdrix sauvages miniatures avaient sans doute compris que leur seul moyen de salut était la fuite…

Georges Clemenceau

15 juin 2007 at 21 h 25 min

Georges Benjamin Clemenceau (1841-1829) était un journaliste, écrivain et homme politique français.

Portrait de Georges Clemenceau

Il fut successivement député, président du conseil, ministre de l’intérieur. Il créera d’ailleurs les célèbres « brigades du tigre » (son surnom à l’assemblée nationale, et embryon de la future Police judiciaire Française). Ce dernier a également exercé les fonctions de ministre de la guerre pendant la première guerre mondiale, et fut l’un des principaux artisans de la victoire Française, ce qui lui valut le surnom de « père la victoire ».
On peut s’étonner de la présence du grand homme, surtout connu pour sa brillante carrière politique, dans cette rubrique consacrée aux anecdotes de chasse. C’est oublier que ce dernier était également un journaliste et un écrivain de talent, chasseur à ses heures.
En 1893, Clemenceau, battu aux élections législatives du Var, connait une traversée du désert de quelques années. Il mettra à profit ce passage à vide politique pour reprendre ses activités de journaliste et d’écrivain.
Le texte ci-dessous a été publié durant cette période, en 1896, dans « Le grand Pan » et relate une partie de chasse en Provence.
« Marignane est un joli village du canton des Martigues, près de l’étang de Berre. (…) En allant faire campagne pour Camille Pelletan, je m’étais fait des amis dans ce coin de soleil. L’un d’eux, qui vit encore, j’espère bien, s’appelait Dupin, dit le Terrible. Ce Terrible, homme excellent qui cachait sa douceur au plus épais d’une barbe enflammée, avait un gendre armurier à Marseille, homme de sport. Nous causons fusil, et me voila invité à venir chasser dans la caillère vaste étendue d’herbages piquée de poteaux au sommet desquels, dans une petite cage, une caille aveugle invite ses camarades à une périlleuse causerie.
-Combien faut-il de cartouches? Demandai-je.
-Trois cents, fit l’homme du midi, d’un ton tranquille.
Au jour dit, j’arrive de Paris avec mes trois cent cartouches et mon chien.
Dès le petit jour, nous sommes en route. On cause le long du chemin.
-Ainsi je vais tirer mes trois cent cartouches.
-Je ne dis pas cela, fit l’autre, mais nous tuerions cent cailles que je n’en serais pas surpris.
Nous étions douze. Je me mis à calculer combien cela m’en ferait pour ma part.
Survint un autre chasseur.
-Le vent n’est pas bon…Enfin, une cinquantaine, ce n’est pas beaucoup.
Assez déconfit, je recommençai mon calcul.
-Qui sait, fit une autre voix, nous en trouverons, peut être…
Il fallait voir ma figure.
Nous arrivions à la porte de la caillère. Pendant qu’on ouvrait la barrière, un cri: « Tirez! Tirez! Tirez donc! » C’est à moi qu’on s’adresse. J’ai mon fusil en main, je regarde partout, je ne vois rien.

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Tout le monde me crie de tirer. J’écarquille les yeux. Vains efforts. Dix coups de fusil éclatent en même temps. Sur le fil de fer du télégraphe une hirondelle était perchée. Vous devinez son destin.
Enfin la chasse commence… Au bout de quatre heures, je n’avais pas vu un papillon.
Tout à coup, à l’entrée d’un bosquet, une table merveilleusement servie. Tous les fruits du Midi, la plus belle eau des fontaines, de la glace, du gibier enfin… mais cuit… Il faudrait toute une chronique pour dire cette étonnante lippée.
Le dessert finissait. On allumait les cigares. Un coup de fusil, je me retourne. Une assiette lancée par un chasseur volait en éclat au-dessus de ma tête. Une autre suivit, puis une bouteille, puis un verre, puis dix. Tout ce qui se trouvait sur la table y passa. Je n’ai pas souvenir d’une aussi belle pétarade.
Etendu sur l’herbe, au frais, je jouissais du ciel bleu. Quand il ne resta plus rien, on vint me dire qu’on se remettait en chasse. Mais je me trouvais bien. Je déclarai que je ne bougeais plus. Voila mes gens partis, puis revenus au bout d’un quart d’heure. Ils ont trouvé une caille. Il faut que je la tue. Je vais à l’endroit indiqué. Mon chien tombe à l’arrêt, et, le coup parti, va chercher la bête. Ce fut un triomphe, un délire, une fête de tout le jour.
Le lendemain les journaux de Marseille annonçaient que j’avais fait un massacre de cailles, et célébraient hyperboliquement mon adresse.
(…) Mais je n’ai pas fini mon histoire.
Deux ans après, l’armurier de Marseille, le gendre de Terrible, m’apprit confidentiellement que la caille de Marignane, dont j’étais si fier, était un appelant aveugle qu’on avait ôté de sa cage pour m’empêcher de rentrer bredouille.
Midi! Midi! Voila de tes coups! »

Retention d’odeur ?

15 juin 2007 at 21 h 24 min

La rétention d’odeur est un phénomène controversé, et finalement assez peu abordé dans la presse cynégétique. Il s’agirait d’un mécanisme de défense, adopté par certains oiseaux, consistant à retenir les émanations face à un prédateur (et notamment à un chien d’arrêt). On admet que certains gibiers, comme la bécasse, adoptent couramment ce genre de comportements. C’est en réalité un phénomène beaucoup plus large qui concerne également les perdreaux, mais aussi les cailles.
Jean Castaing aborde très prudemment ce sujet dans un article intitulé « Quand le gibier perd son odeur », publié en septembre 1969 dans « Le chasseur Français ». Il définit ce phénomène, qu’il ne tient pas pour absolument certain, bien que constaté par bon nombre de chasseurs au chien d’arrêt .« Il s’agit du fait que des chiens ayant fait amplement preuve de leurs qualités et confirmés sur le gibier qu’ils chassent, détectent la présence d’un tel gibier par leur manière habituelle, le mettent à l’essor, et au point de chute ou de pose du gibier, ces chiens ne retrouvent rien, ne sentent rien, alors que ledit gibier s’y trouve, ainsi que le constatent les chasseurs.(…)»
Ce dernier illustre son propos de quelques exemples concernant la chasse de la caille. Le scénario est bien souvent le même: la caille est arrêtée par le chien. Après avoir été levée dans un chaume, cette dernière soit parce qu’elle est à été manquée, soit parce qu’elle n’a pu être tirée, va se reposer plus loin. Malgré le fait que le chasseur ait exactement repéré le point de pose de l’oiseau, le chien ne parvient pas à le retrouver et à l’arrêter. Cela arrive également quant un oiseau, après avoir été tiré, tombe « comme une pierre », et que le chien, malgré ses efforts ne parvient pas à le retrouver.
Jean Castaing conclut plus loin que ce genre de mésaventure se produit souvent par temps ce chaleur, « et est souvent imputée à la sécheresse, à la chaleur , à la pluie, à l’insuffisance de nez du chien ».

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Même si ces explications sont parfois satisfaisantes, il arrive aussi que ce phénomène ait lieu par temps normal, et avec un chien expérimenté de surcroît, ce qui entraîne quelques interrogations supplémentaires.
Certains auteurs émettent l’hypothèse qu’en raison de l’augmentation de la pression de chasse, et des profonds changements causés par l’agriculture moderne dans les paysages, le gibier à radicalement modifié au cours du siècle dernier ses tactiques de défense.
Robert Flament-Hennebique relève notamment dans son ouvrage, « le poil de la bête », qu’avant 1925 le gibier était « facile » et souligne de très nets changement dans le comportement des perdrix grise. Cela serait dû selon lui au brusque passage d’une polyculture traditionnelle, avec ses assolements et ses haies, à l’agriculture moderne actuelle et ses grands espaces, obligeant le gibier à adapter son mode de défense. Ces modifications de comportement sont également souvent décrites concernant la perdrix rouge, que l’on dit beaucoup plus piéteuse qu’autrefois, et aujourd’hui quasi inabordable pour les chiens d’arrêt sur des reliefs accidentés.
En est-il de même pour la bécasse et la caille avec la rétention d’odeur?
Les écrits de certains chroniqueurs cynégétiques du 19eme siècle, et même du début du 20eme siècle, m’ont souvent surpris. Beaucoup d’auteurs expliquent qu’il n’est pas grave de rater une caille, car on est presque toujours assuré de la retrouver et de la relever. Cassasolles écrivait, par exemple, à propos de la caille: « Elle remise à peu de distance et est très facile à retrouver. »
J’ai souvent constaté, pour ma part, que les cailles manquées essaient, quasi systématiquement, de se remiser dans les récoltes les plus proches, ce qui exclut dans la grande majorité des cas tout espoir de les relever, la chasse dans les récoltes étant bien entendu interdite. Même lorsque la caille se pose à découvert, dans un chaume, le chien à souvent beaucoup de mal à la relever de nouveau.
La très grande fréquence de ces affirmations, qui contredisent complètement ma propre expérience de ce gibier, et celle de nombreux chasseurs spécialisés, me font penser que l’espèce a progressivement modifié son comportement au cours du 20eme siècle, probablement en raison du développement de la chasse au chien d’arrêt.
Il n’est pas irrationnel de penser que les cailles qui avaient recours à la rétention d’odeur ont plus facilement survécu, et qu’elles ont transmis par la suite à leur progéniture cet instinct. Jean Castaing écrivait déjà en 1955 à propos de la caille: « Je ne sais pas s’il existe un gibier mieux doué de la faculté de devenir inodorant quant il est tiré et manqué ou simplement contraint d’abandonner son domicile. Reposée à moins de cent mètres, à découvert, sur terrain ras, la caille est bien souvent irretrouvable. »

Cailles fantômes

15 juin 2007 at 21 h 22 min

Si l’on en croit certains auteurs cynégétiques, la caille est un gibier facile, que le bon chasseur (sous entendu, le bon tireur) se doit de tuer quasi-systématiquement. Seulement voila, dans la réalité, une caille ça peut très bien se manquer…
Voici une anecdote savoureuse racontée par Jean de Witt (1) ou il est question d’honneur à sauver et surtout d’orgueil…
« Il y a dix ans, je chassais dans la plaine de Monheurt (2), soudain j’entendis claquer deux coups de feu à cent mètres de moi. Une caille venait d’être tirée et manquée par un brave homme que je connaissais bien et qui était particulièrement vantard quant aux méthodes qu’il employait pour « ajuster » le gibier. Or donc, la caille était manquée. Je vis mon chasseur se mettre en grande course, s’arrêter au bout de trente mètres, se pencher comme pour ramasser quelque chose… Mais il ne ramassa rien… Il souffla puissamment dans ses mains jointes pour gonfler les plumes illusoires d’une caille inexistante, après quoi, il mit ce néant dans « la carnassière » à double feuille assez cérémonieusement et, se servant de ses mains comme d’un amplificateur, je l’entendis crier dans le lointain triomphalement: « Boudiou, qu’elle est grasse! » Puis il s’éloigna satisfait; son amour propre était sauvegardé. »
(1)Jean de Witt, Gibiers, Editions de la toison d’or, 1950, P.34
(2)Monheurt est un petit village situé dans le Lot et Garonne

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Voici une anecdote personnelle sur le même thème, survenue quelques décennies plus tard.
Elle illustre un autre pêché: l’envie…
Il y a une vingtaine d’année environ, mon père chassait dans un excellent chaume à caille, non loin de la ferme familiale. Il avait emmené avec lui Rod, un braque allemand particulièrement doué. Les arrêts et les tirs s’enchainaient depuis presque une heure déjà lorsque, attiré par le bruit des coups de fusil, G. un chasseur du village voisin, se rapprocha. Le chaume n’étant pas immense, il n’y avait pas de place pour deux chasseurs… Aussi, notre homme vint se poster à l’entrée du champ, attendant son tour avec impatience.
Mais le temps passait, et mon père, qui n’en finissait pas de lever des cailles, ne semblait pas décidé à partir.
Fatigué d’attendre, G. finit par se diriger en compagnie de ses deux chiens vers le champ voisin ou il commença aussitôt à chasser.
Quelques minutes après, notre homme se mit à enchainer les tirs les un après les autres. Intrigué par cette soudaine réussite, mon père observa son concurrent avec davantage d’attention… Détail étrange: les chiens de ce dernier ne prenaient jamais de pose d’arrêt. Il vit également que malgré les bruyants commandement «Apporte ! » lancés dans leur direction après chaque salve, aucun ne bougeait. Mon père finit par réaliser que notre homme tirait des salves de coups de fusil au hasard, afin de faire croire que le chaume ou il se trouvait était infesté de cailles. Une manœuvre destinée à attirer mon père vers le champ voisin, afin de le déloger, puis de lui ravir sa place…

Quelle race de chien utiliser pour la chasser?

15 juin 2007 at 21 h 22 min

La chasse de la caille peut se pratiquer avec presque toutes les races de chiens. Certains utilisent avec succès des chiens leveurs de gibier (type cocker par exemple) ou des labradors qui sont parait il assez efficaces, et ne laissent pas le temps à la caille de déployer ses ruses. J’ai même vu quelques chasseurs utiliser leurs chiens courants, ou même des chiens de terrier, pour les lever.
La plus belle chasse (c’est en tout cas mon avis) se fait à l’aide de chiens d’arrêts. Il en existe une multitude de races, qui peuvent toutes convenir à la chasse de la caille, même si le braque français et l’épagneul breton sont les races les plus citées.
On dit souvent que pour cette chasse il faut utiliser des chiens lents, dotés d’une quête très restreinte.
Dans un remarquable article intitulé « Cailles et chiens de cailles » Jean Castaing écrit à ce sujet « On a dit et écrit souvent qu’un chien de caille est un chien de petits moyens: petite quête, petit nez; on prétend même que cette chasse gâte les meilleurs chiens, notamment en les incitant à pister, à porter le nez bas, ce qui leur ferait perdre le goût, et même les moyens de rechercher l’émanation directe. Ce sont là des slogans émanant de chasseurs n’ayant pas vraiment chassé ce gibier, ou se basant sur des principes faux conçus par des théoriciens en chambre. »

braque français en arrêt sur cailles

L’utilisation de chiens continentaux à quête très courte à pour inconvénient d’obliger le chasseur à monter et à redescendre continuellement le champ. Découper un chaume tranche par tranche peut être long, voire fastidieux.
Cette remarque n’est toutefois valable que pour certaines races de chiens continentaux, ou des sujets peu entreprenants. De nombreux chiens continentaux issus de la sélection des fields, ont une rapidité et une ampleur de quête comparable à celle des setters ou des pointers…
Le principal avantage d’une quête très courte est d’offrir à tout moment au chasseur la possibilité de tirer les oiseaux levés, même accidentellement, par son chien.

Par opposition, les chiens britanniques (mais aussi les continentaux dotés d’une quête moyenne) permettent d’explorer plus rapidement un champ dans sa globalité. Quitte à effectuer par la suite plusieurs passages, en insistant sur les bordures de champ que l’on sait être favorables.
Il y a bien sûr une légère part de risque: il arrive parfois que des cailles s’envolent hors de portée… Quant aux cailles arrêtées, pour peu que le chien sache garder ses distances, l’expérience m’a montré que dans la majorité des cas on a largement le temps d’aller les servir.
Il est vrai en revanche que certains chiens à la quête très rapide et étendue posent problème et ont beaucoup plus de mal à « accrocher » les oiseaux. Ils arrêtent à peine 20 pour cent des cailles présentes, quand d’autres en arrêtent 80. Un simple problème d’entrainement selon certains… Comment expliquer alors la médiocrité persistante de certains chiens malgré leur mise en présence avec des centaines d’oiseaux? Certains d’entre eux -lorsqu’ils sont intelligent et très chasseurs- s’adaptent et réduisent d’eux même leurs allures, dès qu’ils abordent un chaume ou ils ont déjà rencontré des cailles. Il arrive également, et la c’est malheureusement rédhibitoire, que cela provienne d’un manque de qualité de nez.
Le problème provient très certainement des excès de la sélection des field trial et de la perpétuelle recherche de vitesse des éleveurs, mais aussi d’une sélection à sens unique sur la puissance de nez.
Cette dernière, tant recherchée par les éleveurs, n’a rien à voir avec la finesse de nez, ou le « nez d’été », à savoir la capacité d’un chien à trouver du gibier sur des sols desséchés ou par grande chaleur.
Voila pourquoi un bon chien sur perdreaux ne fera pas forcément un bon chien sur cailles… Il vaut mieux donc, si l’on a l’intention de chasser régulièrement cet oiseau s’en tenir à des chiens (qu’ils soient britanniques, ou continentaux) dotés d’une quête moyenne et issus de parents dotés de qualités olfactives adéquates.

braque à l'arrêt sur cailles

L’efficacité au final entre chiens britanniques et continentaux est à peu près identique, et les deux choix restent tout à fait respectables… Le plus important est de choisir une bonne souche au sein de la race choisie (et c’est de loin le moins évident!)
La fragilité de la caille impose des chiens dotés d’une dent douce, sans quoi ces derniers transforment les oiseaux en charpie. Les chiens à la dent dure ont souvent tendance à avaler la caille qu’ils ont abîmé…
Après, c’est le talent individuel du chien qui prime, et le fait qu’il soit mis fréquemment en présence de ce gibier…
Il faut avant tout des chiens très chasseurs, ayant une grande finesse de nez, particulièrement sur sol sec comme c’est le cas à la fin de l’été… Il faut laisser le chien diriger lui même sa quête, et ne pas l’obliger à quêter en lacets réguliers, droit devant lui. Il doit avoir la possibilité d’effectuer si nécessaire des retours en arrière.
Tous les chiens ne sont pas également bons face à ce gibier: il y a des chiens « à caille », au même titre qu’il y a des chiens « bécassiers ».

setter gordon à l'arrêt sur caille E.bellecroix Down

Le choix d’un chien destiné à la chasse de la caille est plus difficile, car il n’existe pas de lignées établies, ce gibier étant dédaigné par les instances cynophiles. L’amateur devra sélectionner lui même ses chiens et bâtir sa propre souche. Il faudra faire preuve de prudence: un chien qui arrête quelques cailles d’élevage chez un dresseur n’est pas une garantie. Mieux vaut choisir un chien provenant de chez un chasseur local, et issu de parents créancés sur cailles sauvages.
Les qualités du chien à caille peuvent être résumées par cette autre citation de Jean Castaing, malheureusement prophétique quant à l’avenir du chien d’arrêt (elle à été écrite en 1961) « Les aptitudes d’un bon chien de cailles ne sont pas celles qui sacrent les grands champions conventionnels; mais si elles sont différentes, elles n’en sont pas moins de grandes qualités, et elles sont plus rares. (…)Les chiens d’arrêt tendent de plus en plus vers une standardisation de leurs moyens qui rendra bientôt illusoire la différenciation de leurs races. C’est en spécialisant des familles de chiens dans des fonctions particulières que l’on maintiendra la raison d’être de leurs races; au lieu de considérer comme des parents pauvres les chasseurs de cailles et leurs chiens, il faut leur rendre hommage: ils maintiennent la tradition de la chasse française et préservent le chien d’arrêt de l’uniformité. »

Un oiseau facile à tirer?

15 juin 2007 at 21 h 20 min

Parmi les citations concernant le tir de la caille, l’une des plus célèbres est sans doute celle d’Elzear Blaze dans « Le chasseur au chien d’arrêt »:
« C’est le gibier qu’on approche et qu’on tue avec le plus de facilités. Sur trente cailles qu’il tire, un chasseur expérimenté doit en tuer vingt huit, s’il n’en tue pas trente. »
Cette citation de Blaze est tout à fait exagérée, et à été très critiquée à son époque. Suite à la publication du livre en 1836, un pari avait même été lancé. Un journal de chasse promettait la somme de mille écus à celui qui abattrait 12 cailles de suite. La chose ne devait pas être si aisée, même à l’époque, car ce pari ne fut jamais relevé…
Certes, le tir de la caille n’est pas comparable à celui d’autres oiseaux « mythiques » comme la gélinotte, la bécassine ou la bécasse, et l’on peut réaliser parfois de belles séries.
La caille est un oiseau qui se « manque » très bien: son tir demande de bons réflexes d’autant plus que l’envol est soudain, rapide, et la cible petite… Il arrive assez fréquemment de voir des cailles effectuer des départs enroulés, ou des zigzags. A. D’Houdetot remarque à ce sujet: « (…)Elle rase le sol et se permet parfois certain petit crochet qui ne serait pas désavoué par une bécassine de profession. »
Joseph de la Vallée écrit également: « Il est d’ailleurs des circonstances qui rendent le tir de la caille fort difficile; si le vent est violent, la caille part rapidement, rase la terre, fait des crochets, et en pareil cas les professeurs eux même jettent du plomb au vent. » Ce dernier conclut plus loin à propos de la caille:« (…)Il est encore très permis de la manquer; mais nous avons tous beaucoup de mémoire pour les pièces que nous avons abattues, tandis que le moindre vent emporte le souvenir des coups que nous avons manqués. »
Selon la plupart des auteurs cynégétiques, on les manque, presque toujours, parce qu’on tire trop bas. Un dicton concernant le tir de la caille existe d’ailleurs: « Haut la caille ou rien à faire; sous le ventre c’est la terre. » Cela veut dire qu’il faut tirer légèrement au dessus de l’oiseau pour bien le « couvrir » lorsqu’il part en queue (ce qui est très souvent les cas).

chasse à la caille

La caille vole rarement plus de 200 ou 300 mètres. Par sa couleur, elle se confond à merveille avec la végétation survolée (chaumes, friches…). Pas facile de la distinguer parfois, surtout au lever du jour!
Les cailles cherchent assez systématiquement l’abri des récoltes sur pieds, pour peu qu’il y en ait à portée d’aile, ce qui exclut de les relever une seconde fois dans 80 pour cent des cas, hormis dans de grands chaumes. Elles n’en ressortiront qu’une fois tout danger écarté…
Petit détail, qui à sont importance… Le rechargement doit être quasi immédiat après les tirs. Il n’est pas rare en effet que d’autres cailles se lèvent en décalé… C’est râlant lorsque le fusil est vide! une fois acquis, ce petit réflexe rend souvent service.
La caille est un oiseau à la chair délicate, voire fragile. Il faut donc éviter à tout prix de l’abimer lors du tir, qui ne doit pas s’effectuer de trop prés (c’est à dire à moins de 15 ou 20 mètres). Il est conseillé évidemment d’utiliser du petit plomb (entre le No 12 et le No 9, le No 10 étant le plus fréquemment employé).
L’utilisation de munitions ordinaires (bourres à jupes), voire même de cartouches type ball trap s’avère tout à fait suffisante.

Quelques chiffres pour terminer… Dans son ouvrage « Bécassines et perdreaux », publié en 1951, Gaston Rambaud consacre un chapitre aux records de chasse. Autre époque ou le bon chasseur était celui qui tuait le plus de gibier possible, et n’hésitait pas à s’en glorifier…
Il écrit à propos des cailles: « Cinq fusils ont tué 980 cailles à Siguenza (Espagne), il y a quelques années, dans une journée de chasse. A Port Elizabeth (Colonie du Cap), M.W Armstrong a tué 564 cailles en 12 heures et demie de chasse réparties sur quatre jours consécutifs ».

La caille au marais desséché

15 juin 2007 at 21 h 20 min

Voici une histoire de chasse savoureuse et étrange, comme on les aime… Elle a été publiée dans la revue « Le saint Hubert » en mars 1947, sous le titre « La caille au marais desséché » (C. Aubert). Elle relate une étonnante partie de chasse à la caille dans un marais.
(…) Il y a quelques années, il avait fait une sècheresse et une chaleur horribles. Pas une seule caille dans une région où elles sont communes par temps frais et humide; mais en revanche un ami m’en avait signalé dans un marais et m’avait invité à y venir faire l’ouverture.
L’emplacement de ce marais fort long mais étroit et à proximité de villages ne permet guère que l’on y chasse avant l’ouverture, car on y est trop en vue.
Le matin de l’ouverture, au petit jour, nous nous dirigeâmes donc vers le marais; nous n’étions pas seuls à savoir qu’il y avait des cailles, car devant et derrière nous ce n’étaient que chasseurs. Quelques coups de fusil ne tardèrent pas à se faire entendre. Les chasseurs criaient, des chiens hurlaient. Sur cet étroit terrain de chasse on ne comptait pas moins de cent cinquante tireurs, chasseurs de tout rang, de tout âge, tous ceux du pays et tous ceux d’alentour, jusqu’au curé de la commune voisine.
C’était le cas de dire que là le gibier était considéré comme res nullius ; mon chien leva un râle par mes pieds, il tomba mort avant que j’eusse levé mon fusil; un peu surpris de cette façon d’agir je continuai sans dire mot. Un peu plus loin quelques chasseurs cherchaient une caille que l’un d’eux venait de tirer; mon chien en trouva une en effet et me la rapporta. De temps en temps une bécassine partait, saluée d’un nombre insensé de coups de fusil! Un ou deux chasseurs et autant de chiens avaient déjà reçu des plombs.

gravure caille louis de la jarrige

Cependant nous ne faisions pas grand-chose ni les uns ni les autres et pourtant les chiens trouvaient. Par-ci par-là, mais rarement, une caille se levait et allait se remiser au fourré dans des marais non fauchés et garnis de roseaux où un chien, puis deux et bientôt quatre et cinq, ne pouvaient l’arrêter ou la relever.
Je m’éloignai un peu du gros des chasseurs pour observer mon chien, qui rencontra plusieurs fois, arrêta quelque peu, mais il ne partit jamais rien.
Je ralliai les chasseurs; une caille se levant d’elle-même alla se remiser à vingt cinq mètres dans du regain haut à peine de vingt centimètres; j’appelai vivement quelques chasseurs. Neuf d’entre eux arrivèrent et nous marchâmes à la remise en rang serré, foulant, piétinant le sol de nos larges semelles. Nous eûmes beau battre le terrain en tous sens, les chiens quêtant de leur côté, rien ne se leva.
Abandonnant mes compagnons, je gagnai une prairie récemment fauchée. Mon chien tomba à l’arrêt dans un endroit absolument dénudé.
Il était ferme sur une large crevasse occasionnée par la sècheresse. Comme à son attitude je savais qu’il ne s’agissait pas d’une bête malfaisante, j’introduisis ma main dans la crevasse.
J’en retirai une caille pleine de vie. Les cailles, terrorisées par cette avalanche de chasseurs et de chiens se terraient. (…)
Depuis cette ouverture mémorable j’ai été invité plusieurs fois à faire l’ouverture dans ce marais; il va sans dire que chaque fois j’ai pris la tangente; on tient toujours un peu à sa peau et à celle de son chien… Même quand elles n’ont pas grande valeur!»
C.Aubert

Manqué!

15 juin 2007 at 21 h 19 min

Voici une jolie anecdote de chasse publiée en décembre 1955 par de Dr Bussilet dans la revue « Au bord de l’eau, Plaine et bois »:
« Tous les ans, mon père quittait sa résidence au mois de septembre-octobre et se rendait dans son pays d’origine, dans le Jura, où avait lieu, d’habitude, un bon passage de cailles.
L’année dont je parle et dont je serais bien incapable de désigner la date exacte, il avait emmené mon frère aîné, auquel il venait de remettre son premier permis et qui, pour suivre la stricte vérité, ne se montrait pas plus adroit que notre maître.
-Rien de plus facile que le tir à la caille, lui affirma cependant mon père; c’est un oiseau qui vole droit devant lui, sans détours. Tu pourras le viser aussi longtemps que tu voudras. En plus, avec Pyram, nous en lèverons plus que nous n’en aurons envie.
Et ainsi, en effet, arriva t’il.
Soit dans un champ de pommes de terre, soit dans les luzernes ou dans les buissons, le brave Pyram se mettait à s’immobiliser et arrêtait, puis la caille partait.

h camus caille ouverture 2

Et pan…pan…, une fois…Pan…pan…, une seconde fois. Pan…pan, une troisième, et ainsi de suite!
Un berger qui se trouvait dans ces parages, entendant tous ces coups de fusil, rappliqua à son tour avec l’idée de juger des coups.
Pan…pan…, continuérent le père et le fils.
Pan…pan…pan…
Pan…pan…pan…pan…Et alors ce petit berger insolent qui, au début, avait gardé son sérieux, partit, tout à coup, d’un rire irrésistible.
Pan…pan…
Manquo! s’écriait il.
Pan…pan…pan…
Encore Manquo!
Pan..pan…pan…pan!
Toujours manquo!
Si bien que le père et le fils avaient passablement honte, il faut le dire, et qu’en outre ils arrivaient au bout de leurs cartouches, bien qu’ils en eussent emporté plus de soixante!
Mais la conclusion eut lieu d’une façon imprévue.
Pyram avait il honte, lui aussi? Tenait il à ménager l’honneur de la famille? Se souvenait il simplement de son ancien maître, le braco, et était il écoeuré de la maladresse de ses nouveaux seigneurs?
Tout à coup, dans un champ de trèfle où il avait commencé à « reconnaître », il se livra à un acte qu’on ne lui avait jamais vu accomplir et qui, je crois pouvoir l’affirmer, ne se reproduisit jamais: il rompit donc ouvertement l’arrêt, sauta sur la bête qui se tenait devant lui, presque sous son nez, et l’ayant prise délicatement dans sa gueule, la rapporta malicieusement à ses maîtres.
Ceux-ci n’eurent qu’à mêler leurs rires à ceux du berger et à rentrer chez eux. C’est par dizaines de fois, que par la suite, j’ai entendu mon père raconter cette histoire. »