Un peu d’histoire…

14 mars 2007 at 12 h 00 min

J’avais été marqué, il y a une quinzaine années, par un ouvrage rédigé par l’historien Robert Delort « Les animaux ont une histoire » (1) . Ce dernier s’était attaché à reconstituer l’histoire de certains animaux: le loup, le chien, le chat, mais aussi le criquet, le rat, l’abeille, l’anophèle (une variété de moustique porteuse du paludisme)… Il montrait ainsi l’influence, parfois majeure, de certains animaux, et leur imbrication dans l’histoire humaine.

J’ai été extrêmement surpris, bien des années plus tard, lorsque j’ai découvert, par hasard, une multitude de textes sur le thème de la caille, un oiseau pourtant bien anecdotique.
Ces derniers, beaucoup plus nombreux que je ne l’avais imaginé, s’étalaient sur de grandes périodes: de l’antiquité jusqu’à nos jours.
Je me suis piqué au jeu, en essayant, très modestement, de les rassembler et de les synthétiser sous forme de thèmes (etymologie, mythologie, symbolique…).
Le résultat est bien sûr loin d’être parfait, et n’a aucune prétention scientifique ou historique. Ces articles montrent simplement que le thème de la caille des blés et de sa chasse est un sujet beaucoup plus complexe qu’il n’y parait, et qu’un oiseau, aussi modeste soit il, peut avoir sa place dans l’histoire.

(1)« Les animaux ont une histoire », Robert Delort, éditions du seuil, 1984.

Les cailles aux États-Unis

13 mars 2007 at 11 h 20 min

Disons le immédiatement, il n’y a pas de cailles des blés aux États-Unis…  L’aire de répartition de ce petit gallinacé ne s’étend pas au-delà de l’Europe, d’une partie de l’Afrique et de l’Asie – et c’est déjà pas mal, me direz-vous-.

De quoi vais-je vous parler alors ? D’un article datant de 1928, extrait du Bulletin technique du département Américain d’Agriculture, et intitulé « Les oiseaux sauvages introduits ou transplantés en Amérique du Nord « (1).  Autre temps, autres mœurs, ou les colons américains essayaient de réintroduire dans leur nouveau pays les espèces qui leur étaient jadis familières en Europe. L’auteur répertorie sur une soixantaine de pages, les essais d’introduction, plus ou moins fructueux, d’oiseaux en provenance du monde entier en Amérique du Nord (Entre la fin du 18eme siècle et le début du 20eme siècle). Plus d’une centaine d’espèces sont mentionnées : moineau domestique, Bouvreuil, Alouette des champs, Chardonneret élégant, Étourneau, Tarin des aulnes, Lagopède alpin,  Pintade, râle des genêts, grouse,  Perdrix grise et rouge, faisans, et même le grand tétras…

En ce qui concerne la caille des blés, la chasse semble avoir été la principale motivation de ces importations.  Selon l’article, de nombreux chasseurs américains étaient extrêmement enthousiastes à l’idée de pouvoir chasser des cailles aux États-Unis, et il semble qu’il y ait eu un vrai engouement pour cet oiseau. Horace P. Toby fut à l’origine en 1875 de la première importation de cailles, en provenance de la région de Messine en Italie. 2 cages contenant 250 cailles furent acheminées par bateau jusqu’au États-Unis.  189 oiseaux survécurent à leur traversée sur le « Neptune » et arrivèrent en excellente condition, puis furent relâchés près de la ville d’Ayer dans l’état du Massachusetts.

A partir de cette date, de nombreuses tentatives d’introduction eurent lieu au Québec, en Ontario,  dans le Maine, le New Hampshire, le Vermont, le Massachusetts, l’état de New York, le New Jersey, la Pennsylvanie, la Virginie, et l’Ohio, et cela malgré le coût extrêmement élevé pour l’époque de ces importations par bateau – près de 3 dollars par oiseau-. Certaines d’entre elles furent menées à grande échelle puisque jusqu’à 5000 Oiseaux furent lâchés simultanément dans 16 localités différentes.

Peu après que les oiseaux eurent été relâchés, Il y eu de nombreux témoignages encourageants concernant la présence de couvées durant la première saison, et certains individus demeuraient à proximité de leur point de lâcher jusqu’au mois de Novembre ou de Décembre. On constata cependant, qu’une fois le moment de la migration passé, aucun oiseau ne revenait. Une caille fut capturée au sud de la Géorgie, et une autre en Caroline du Nord. Des oiseaux se posèrent en Novembre 1877 sur un bateau qui faisait route à plusieurs centaines de miles au sud-est du cap Hatteras (2), et il devint évident que les cailles qui avaient été relâchées, ainsi que leurs petits, migraient d’abord en direction du sud-est, puis périssaient en mer dans un impossible voyage retour vers l’Afrique.

Cela mis un terme aux espoirs des chasseurs américains, et à partir de 1881, plus aucun oiseau ne fut importé.

(1) « Wild Birds introduced or transplanted in north america », P.38 à 39 ; John C. Philips, 1928, Technical Bulletin No 61, april 1928, United states département of agriculture, Washington D.C.

(2) Le cap Hatteras est une bande de sable située au Large de la Caroline du Nord, sur la côte Est des États-Unis.