Un oiseau facile à tirer?
Parmi les citations concernant le tir de la caille, l’une des plus célèbres est sans doute celle d’Elzear Blaze dans « Le chasseur au chien d’arrêt »:
« C’est le gibier qu’on approche et qu’on tue avec le plus de facilités. Sur trente cailles qu’il tire, un chasseur expérimenté doit en tuer vingt huit, s’il n’en tue pas trente. »
Cette citation de Blaze est tout à fait exagérée, et à été très critiquée à son époque. Suite à la publication du livre en 1836, un pari avait même été lancé. Un journal de chasse promettait la somme de mille écus à celui qui abattrait 12 cailles de suite. La chose ne devait pas être si aisée, même à l’époque, car ce pari ne fut jamais relevé…
Certes, le tir de la caille n’est pas comparable à celui d’autres oiseaux « mythiques » comme la gélinotte, la bécassine ou la bécasse, et l’on peut réaliser parfois de belles séries.
La caille est un oiseau qui se « manque » très bien: son tir demande de bons réflexes d’autant plus que l’envol est soudain, rapide, et la cible petite… Il arrive assez fréquemment de voir des cailles effectuer des départs enroulés, ou des zigzags. A. D’Houdetot remarque à ce sujet: « (…)Elle rase le sol et se permet parfois certain petit crochet qui ne serait pas désavoué par une bécassine de profession. »
Joseph de la Vallée écrit également: « Il est d’ailleurs des circonstances qui rendent le tir de la caille fort difficile; si le vent est violent, la caille part rapidement, rase la terre, fait des crochets, et en pareil cas les professeurs eux même jettent du plomb au vent. » Ce dernier conclut plus loin à propos de la caille:« (…)Il est encore très permis de la manquer; mais nous avons tous beaucoup de mémoire pour les pièces que nous avons abattues, tandis que le moindre vent emporte le souvenir des coups que nous avons manqués. »
Selon la plupart des auteurs cynégétiques, on les manque, presque toujours, parce qu’on tire trop bas. Un dicton concernant le tir de la caille existe d’ailleurs: « Haut la caille ou rien à faire; sous le ventre c’est la terre. » Cela veut dire qu’il faut tirer légèrement au dessus de l’oiseau pour bien le « couvrir » lorsqu’il part en queue (ce qui est très souvent les cas).
La caille vole rarement plus de 200 ou 300 mètres. Par sa couleur, elle se confond à merveille avec la végétation survolée (chaumes, friches…). Pas facile de la distinguer parfois, surtout au lever du jour!
Les cailles cherchent assez systématiquement l’abri des récoltes sur pieds, pour peu qu’il y en ait à portée d’aile, ce qui exclut de les relever une seconde fois dans 80 pour cent des cas, hormis dans de grands chaumes. Elles n’en ressortiront qu’une fois tout danger écarté…
Petit détail, qui à sont importance… Le rechargement doit être quasi immédiat après les tirs. Il n’est pas rare en effet que d’autres cailles se lèvent en décalé… C’est râlant lorsque le fusil est vide! une fois acquis, ce petit réflexe rend souvent service.
La caille est un oiseau à la chair délicate, voire fragile. Il faut donc éviter à tout prix de l’abimer lors du tir, qui ne doit pas s’effectuer de trop prés (c’est à dire à moins de 15 ou 20 mètres). Il est conseillé évidemment d’utiliser du petit plomb (entre le No 12 et le No 9, le No 10 étant le plus fréquemment employé).
L’utilisation de munitions ordinaires (bourres à jupes), voire même de cartouches type ball trap s’avère tout à fait suffisante.
Quelques chiffres pour terminer… Dans son ouvrage « Bécassines et perdreaux », publié en 1951, Gaston Rambaud consacre un chapitre aux records de chasse. Autre époque ou le bon chasseur était celui qui tuait le plus de gibier possible, et n’hésitait pas à s’en glorifier…
Il écrit à propos des cailles: « Cinq fusils ont tué 980 cailles à Siguenza (Espagne), il y a quelques années, dans une journée de chasse. A Port Elizabeth (Colonie du Cap), M.W Armstrong a tué 564 cailles en 12 heures et demie de chasse réparties sur quatre jours consécutifs ».
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