Joseph la vallée, "la chasse à tir en France"

14 mars 2007 at 8 h 35 min

Joseph de la Vallée publie en 1854 « La chasse à tir en France ». Dans cet ouvrage, ce dernier comme nombre de ces prédécesseurs, essaie de réaliser une mini encyclopédie pratique à l’usage du chasseur.
Législation, choix de l’arme, équipement, munitions, conseils culinaires, le problème du braconnage: tout est abordé. Bien entendu ce dernier évoque également les chiens d’arrêt, et les différents types de chasse.
Cet ouvrage est intéressant, car Joseph la Vallée, en plus de nous livrer ses propres réflexions sur la chasse, synthétise également celles d’autres auteurs contemporains, et l’état des connaissances de son époque. Cet livre est joliment illustré de nombreuses gravures sur bois de F.Grenier, admirables par leur précision.

Epagneul à double nezchasse au marais

Détail émouvant: en introduction du chapitre la chasse en plaine l’auteur nous fait part des motivations qui l’ont poussé à rédiger le présent ouvrage.
Après avoir résumé un passage tiré de l’ouvrage d’ Elzear Blaze, dans lequel ce dernier raconte l’anecdote de Mr DUFOUR, chasseur acharné, qui malgré de multiples blessures, et l’amputation de plusieurs doigts, continuait à chasser, ce dernier conclut tristement:
« Mais je voudrais savoir ce que Mr DUFOUR eût dit s’il eût été comme moi privé de la vue. Depuis trente cinq ans, je n’ai pas une seule fois manqué à l’ouverture de la chasse. Cette fois on pelotera les perdreaux sans moi. (…) Je n’ai pas comme Mr DUFOUR, la ressource de voir mon chien quêter. Cependant je veux encore m’occuper de chasse en dictant pour vous les conseils de ma vieille expérience. »
Joseph la vallée rédige un très intéressant chapitre sur la caille des blés et sa chasse, qu’il connaît très bien. On remarquera la jolie gravure sur bois représentant une caille des blés qui orne le chapitre en question. La gravure sur bois est une technique qui demande une très grande précision, puisqu’il faut graver sur un morceau bois très dur et de petite dimension (du buis généralement) le motif souhaité.

caille des blés, joseph de la vallée, chasse a tir en france

Voici disponible en téléchargement, ci dessous, sous forme de fichier word, l’intégralité du chapitre concernant la caille des blés:

Joseph la vallee, la chasse a tir

"Le chasseur au chien d’arrêt", Ferdinand Cassassoles

14 mars 2007 at 8 h 32 min

Autre classique de la littérature cynégétique du XIXeme siècle , « Le guide du Chasseur au chien d’arrêt sous ses rapports théoriques, pratiques et juridiques » (publié en 1864).
Dans la droite ligne de plusieurs de ses prédécesseurs (elzear Blaze notamment), Cassassoles rédige une sorte d’encyclopédie pratique de la chasse ou tous les sujets sont évoqués.
Détail intéressant et révélateur: lorsque ce dernier entreprend de citer la liste des gibiers-plume, il ne cite que deux espèces: la perdrix (largement évoquée) et la caille. Seul le lièvre est abordé dans les gibier-poil.
Ce choix peut paraître surprenant, et est dû aux origines méridionales de l’auteur (également auteur, ce n’est pas un hasard, d’une histoire de Lectoure, ville capitale de la Lomagne). Il explique en introduction son choix de consacrer un ouvrage volontairement spécialisé au gibier de cette partie de la France.
Il montre tout simplement qu’il s’agit la des deux espèces d’oiseaux que le chasseur moyen du sud ouest est assuré de rencontrer lors de l’une de ses sortie. Concernant la bécasse ce dernier ajoute laconiquement « Tout au plus pourrait-on dire un mot de la bécasse; mais on n’a qu’a appliquer à cette chasse les principes et les règles qui touchent aux autres oiseaux de tir au chien d’arrêt, sauf quelques modifications que l’expérience enseigne ».
A propos de la caille des blés l’auteur écrit notamment au sein d’un chapitre qui lui est consacré (p.211 à 216) « C’est peut être le gibier que le chien d’arrêt affectionne le plus ».

caille, cassassoles

Il entreprend, à la mode du 19eme siècle de résumer les connaissances de l’époque sur l’oiseau, et dit quelques mots de sa chasse.
L’ensemble du chapitre est ici disponible en téléchargement:

Casssasoles, le guide du chasseur au chien d'arrêt, La caille

Joseph Oberthur

14 mars 2007 at 8 h 30 min

Joseph Oberthur (Rennes 1872 – Cancale 1956), était un dessinateur animalier, ainsi qu’un célèbre écrivain cynégétique, connu internationalement. Ce dernier était aussi célèbre pour ses connaissances scientifiques en tant que naturaliste, que pour la beauté de ses dessins. Il laisse derrière lui une oeuvre conséquente, richement illustrée sur le thème de la nature et de la chasse.
Joseph Oberthur, combat de cailles
Gravure extraite de l’ouvrage de joseph Oberthur, « Gibiers de passage », représentant le combat de deux mâles cailles. Deux oiseaux (probablement des femelles) les observent en retrait.

Dans le livre « Gibiers de notre pays, histoire naturelle pour les chasseurs », tome 4, plusieurs passages très intéressant concernent la caille des blés.

oberthur

Dans cet ouvrage, J.Oberthur s’intéresse aux origines des chiens d’arrêts, et ainsi qu’aux principales races. Il présente également les différentes espèces de gibiers à plume des plaines et des bois. Parmi ces espèces figure la caille, à laquelle il consacre pas moins de 8 pages.
Ce dernier connaît visiblement très bien l’espèce qu’il a chassé des années durant, et livre quelques anecdotes de chasse. Il se souvient notamment des dernières cailles parisiennes. Fait étonnant, Oberthur précise qu’on les entendait chanter jusqu’en 1924 sur les champs Elysées et au bois de Boulogne, et qu’il lui arrivait d’en lever près de l’ancien Parc des Princes. Déjà ce dernier parle du recul généralisé de l’espèce un peu partout en France, hormis dans certains département du sud. Selon Oberthur les chasseurs n’ont pas de responsabilité dans cette régression de l’espèce en raison de l’ouverture tardive de la chasse. Même s’il remarque déjà le changement des pratiques agricoles Il ne semble pas penser qu’elles justifient à elles seules une telle diminution. Il fait allusion aux massacres réalisés par les pays méditerranéens lors de la migration, mais remarque que la chasse au filet existe depuis l’antiquité sans diminution de l’espèce. Même s’il ne nie pas qu’il faut prendre des mesure de sauvegarde, ce dernier hésite à citer une cause précise à la diminution brutale des effectifs, qu’il semble attribuer à la fatalité. Il écrit résigné: « les exemples sont nombreux dans la nature d’espèces migratrices, restées d’une abondance extrême pendant des siècles, malgré les prélèvements inouïs opérés au moment où les oiseaux arrivent aux étapes de leurs voyages, qui, subitement, diminuent en courbe presque verticale et arrivent, quoi qu’on fasse, à dis­paraître totalement. C’est ainsi que le pigeon migrateur d’Améri­que a cessé d’exister. Il est malheureusement à redouter que, dans un avenir assez proche, il en advienne autant de la caille ».
Oberthur parle ensuite de la migration et de la biologie des cailles. Détail amusant: il affirme que les cailles sont aptes à la natation et se posent sur la mer.

A noter les deux belles gravures d’illustration de l’auteur.

couple de cailles, oberthur

Ci dessous, une jolie gravure de caille en vol, très réaliste, par Oberthur:

caille en vol, oberthur

Voici sous forme de fichier word l’intégralité du texte du chapitre.

Oberthur, Gibiers de notre pays, LA CAILLE

"Gibiers et nuisibles, souvenirs d’un garde chasse"

14 mars 2007 at 8 h 27 min

Autre classique de la littérature cynégétique: « Gibier et nuisibles, souvenirs d’un garde chasse » d’ Eugene Goussard .Ancien garde chasse, ce dernier raconte ici tous ses souvenirs, anecdotes.

gibiers et nuisibles

Le livre est divisé clairement en trois partie: La première est consacrée à l’énumération des espèces nuisibles et aux moyens de s’en débarrasser efficacement. Dans la seconde Partie, ce dernier aborde le thème du gibier, ses souvenirs de chasse, et beaucoup de conseils sur son élevage. La troisième et dernière partie intitulée « les à côtés de la chasse » est consacrée aux auxiliaires (furets, chiens, etc), mais aussi à plusieurs aspects pratiques du métier de garde chasse. Le livre est encore une fois richement illustré par Boris Riab (1898-1975), un des plus célèbres peintres cynégétique du XXeme siècle.

Un sous chapitre (P136 à 138) est consacré à la caille.
Après avoir évoqué ses souvenirs de chasse (plus d’une centaine ce caille prélevées en une journée à deux fusils, vers 1906 en Sologne), ce dernier nous parle de son élevage (ramassage d’oeufs de cailles sauvages, qui sont ensuite élevées en parquet). Eugene goussard assure que cet élevage (aujourd’hui formellement interdit en France) est facile et donne de bons résultats, et parle de la prédilection de la caille pour les larves d’insecte. Il note que ces dernières s’apprivoisent avec facilité. Il conclut sur le fait que l’apparition des cultures modernes à diminué le nombre de cailles.
A noter la très jolie gravure, ci dessous agrandie, d’un groupe de cailles se faufilant dans les herbes réalisées par Riab, un des seuls artistes contemporains (à ma connaissance) à avoir représenté ces oiseaux de façon régulière dans son oeuvre .

Riab, groupe de cailles

Le texte intégral de Eugene goussard (pages 136 à 138) est ci-dessous disponible sous forme de fichier word:

Eugene Goussard, Gibier et nuisibles

"The Atlas of quails", David Alberton

13 mars 2007 at 9 h 00 min

Voici un ouvrage superbe de David Alberton à recommander à tous les amateurs de cet oiseau…

couverture, the atlas of quails

Ce livre, assez unique en son genre, est consacré avant tout à l’élevage des différentes espèces de cailles qui existent dans le monde.
Cet ouvrage est remarquable par sa grande taille (32x35cm), et les superbes illustrations de Anne Hopkinson. Petit exploit: les oiseaux sont représentés à leur taille réelle (ce qui permet de mieux comprendre la taille de l’ouvrage!). 44 espèces différentes y sont représentées, dont certaines malheureusement disparues (comme la caille de Nouvelle Zélande).
On regrettera simplement que cet ouvrage n’ait pas fait l’objet d’une traduction française (Il est disponible uniquement en anglais…), et les commentaires un peu trop succincts concernant la biologie des différentes espèces.

gravure couple caille des blés, atlas

Illustration de Anne Hopkinson représentant une caille des blés (European Migratory Quail en anglais).

Jean Jacques Brochier, "Anthologie du petit gibier"

12 mars 2007 at 9 h 16 min

J’ai écrit en introduction de cette rubrique, que les livres récents abordant le sujet de la chasse à la caille étaient peu nombreux, et que pour cette raison je me référerais fréquemment à d’anciens ouvrages du 19eme siècle.
Voici pourtant l’exception qui confirme la règle.
Jean-Jacques Brochier (1937,Lyon- décédé le 29 octobre 2004 à Paris) est un journaliste et écrivain français. Ce dernier a été le Rédacteur en chef du Magazine littéraire de 1968 à 2004.
Chasseur passionné, ce dernier est également l’auteur de plusieurs ouvrages cynégétiques. Il à également publié en 1995 une très intéressante « Anthologie du petit gibier ».

anthologie du petit gibier, jean jacques brochier

Plusieurs espèces de ce gibier qu’on dit « de poche » sont abordées: alouettes, merles, grives, tourterelles…
Un chapitre complet est consacré à la caille(pages 65 à 83). L’auteur y présente quelques uns des textes les plus marquants concernant l’oiseau (Oberthur, Toussenel, Diguet…), ainsi que d’anciennes recettes de cuisine expliquant comment on doit l’accommoder. Le tout est magnifiquement illustré par de nombreuses gravures anciennes. Une vraie réussite…

Gravures, dessins et lithographies

11 mars 2007 at 19 h 00 min

J’aime depuis toujours les gravures et les livres anciens. L’idée de rassembler un maximum de représentations sur le thème de la caille et de sa chasse est venue progressivement. Un défi pas évident à relever, sachant leur relative rareté (hormi celles, parfois très belles d’ailleurs, réalisées par des naturalistes).
C’est là qu’ont commencé mes recherches… J’ai rassemblé ci dessous le résultat (loin d’être définifif).
Toutes les contributions sont les bienvenues: n’hésitez pas à me faire parvenir par email des photos de gravures, lithographies, dessins, sur ce thème.

gravure la caille, r guinot, chasse petit gibier

La migration et ses dangers

11 mars 2007 at 16 h 10 min

Il n’était pas possible de parler de la caille des blés, sans aborder de façon spécifique le sujet de sa migration. Cette dernière reste en effet auréolée de son mystère, tout comme celle de la bécasse ou la palombe.
On trouvera bien sûr dans cette rubrique des données concernant son déroulement, d’après l’état actuel des connaissances scientifiques sur le sujet.

J’ai également voulu aborder le sujet des dangers liés à cette migration. De nombreux oiseaux meurent en effet au cours de la traversée. Noyade dans la mer, prédateurs, phares… : les dangers sont nombreux.
Comme ont peut le deviner, le principal danger reste toutefois l’homme lui même. Il y a la chasse bien sûr, mais il apparaît vite que cette dernière, assez réglementée en Europe, ne constitue qu’une infime partie de la mortalité des oiseaux.
Toute une série de textes et de gravures que j’ai essayé de rassembler ici, montrent l’ampleur, quasi industrielle parfois, des prélèvements effectués sur cette espèce lors des dernières décennies, ainsi que les moyens utilisés pour la capture des oiseaux.

caille, F.Berille

Cochon d’arrêt

11 mars 2007 at 16 h 07 min

En parcourant internet, je suis tombé sur cette très belle et étonnante gravure anglaise du 19eme siècle intitulée « A pig pointer ». L’image représente une truie agenouillée à l’arrêt devant un groupe de petits oiseaux (vraisemblablement des cailles), tandis qu’un pointer patronne à ses côtés. Cette gravure retrace une anecdote qui serait arrivée à Mr Richard Toomer, garde chasse à New forest (Hampshire).
Ce dernier serait en effet parvenu à dresser une truie à arrêter le gibier.

cochon d'arret

Gravure sur acier par Archer d’après un dessin de Bateman, vers 1840, 10 x 14 cm

Dans un ouvrage anglais (Anecdotes of Animals, Illustrated Edition par Percy J. Billinghurst, Dodo press, 2008), j’ai retrouvé la trace de notre cochon d’arrêt. Afin que le récit soit compréhensible, j’en ai réalisé une rapide et approximative traduction en français:
« Une jeune truie, plutôt grande et mince, se rendait souvent sur une propriété voisine ou un garde chasse élevait et dressait des chiots pointer. Elle mangeait et jouait fréquemment avec eux. Cela avait amené ce garde-chasse à penser, que puisqu’il avait dressé beaucoup de chiens aussi obstinés que des cochons, il pourrait peut être parvenir à en dresser un.
L’animal suivait les chiots à distance de la maison, et le garde chasse l’encourageait à s’éloigner encore plus en lui donnant de la farine d’orge, qu’il gardait dans l’une de ses poches. L’autre poche étaient remplie de pierres, qu’il jetait à la truie quand elle se conduisait mal.
Cette truie avait un caractère docile et et il commença à lui apprendre tout ce qu’il souhaitait grâce à un système de récompense et de punition. On les voyait fréquemment d’ensemble, et la truie explorait le terrain aussi régulièrement que ses pointers, arrêtant le gibier debout (elle avait un excellent nez) et travaillait aussi bien avec les autres chiens qu’un véritable pointer ne l’aurait fait. Quand elle arrivait sur l’émanation du gibier, elle ralentissait son trot, et redressait progressivement ses oreilles et sa queue, puis lorsqu’elle était enfin sure d’elle, elle s’agenouillait. Son arrêt était si ferme, qu’il lui arrivait fréquemment de rester ainsi cinq minutes, voire davantage. Dès que le gibier s’était envolé, elle revenait aussitôt vers son maître, et grognait très fort afin de réclamer sa récompense, si toutefois le garde chasse ne lui avait pas immédiatement donné sa farine d’orge. »

Faut il vraiment s’étonner de cela? Les porcs sont depuis très longtemps réputés pour leur excellent odorat, et étaient fréquemment utilisés pour la recherche des truffes.
J’ai découvert plusieurs cartes postales montrant des cochons truffiers intitulées « L’arrêt » (en voici une représentée ci-dessous), et qui semblent montrer que cette aptitude, à défaut d’être naturelle, n’est pas rare, ou peut être suscitée par le biais du dressage.

cochon en arret

Paolo Porpora, "Nature morte avec des cailles, un hibou et une échasse blanche"

11 mars 2007 at 16 h 05 min

Voici une magnifique et énigmatique peinture italienne, datant de 1656, et réalisée par Paolo Porpora (1617-1673). Cette dernière est intitulée « Nature morte avec des cailles, un hibou et une échasse blanche ». Ce tableau à été interprété comme étant une vanité: les papillons, les roses, les trois cailles, le crapaud, le hibou petit duc et l’échasse blanche symboliseraient la vie, l’amour, le pêché, la mort, et le salut.
La présence des cailles est sans doute une allégorie des plaisirs de la vie, et de l’amour. La caille est en effet un symbole d’ardeur amoureuse, de lascivité. Le fait que les oiseaux soient placés directement à côté des roses, elles aussi symbole d’amour, n’est probablement pas le fruit du hasard.
Cette oeuvre est exposée au musée du Louvre.

peinture italienne  vers 1656, Nature morte avec des cailles, un hibou et une échasse blanche, musée