Cochon d’arrêt
En parcourant internet, je suis tombé sur cette très belle et étonnante gravure anglaise du 19eme siècle intitulée « A pig pointer ». L’image représente une truie agenouillée à l’arrêt devant un groupe de petits oiseaux (vraisemblablement des cailles), tandis qu’un pointer patronne à ses côtés. Cette gravure retrace une anecdote qui serait arrivée à Mr Richard Toomer, garde chasse à New forest (Hampshire).
Ce dernier serait en effet parvenu à dresser une truie à arrêter le gibier.
Gravure sur acier par Archer d’après un dessin de Bateman, vers 1840, 10 x 14 cm
Dans un ouvrage anglais (Anecdotes of Animals, Illustrated Edition par Percy J. Billinghurst, Dodo press, 2008), j’ai retrouvé la trace de notre cochon d’arrêt. Afin que le récit soit compréhensible, j’en ai réalisé une rapide et approximative traduction en français:
« Une jeune truie, plutôt grande et mince, se rendait souvent sur une propriété voisine ou un garde chasse élevait et dressait des chiots pointer. Elle mangeait et jouait fréquemment avec eux. Cela avait amené ce garde-chasse à penser, que puisqu’il avait dressé beaucoup de chiens aussi obstinés que des cochons, il pourrait peut être parvenir à en dresser un.
L’animal suivait les chiots à distance de la maison, et le garde chasse l’encourageait à s’éloigner encore plus en lui donnant de la farine d’orge, qu’il gardait dans l’une de ses poches. L’autre poche étaient remplie de pierres, qu’il jetait à la truie quand elle se conduisait mal.
Cette truie avait un caractère docile et et il commença à lui apprendre tout ce qu’il souhaitait grâce à un système de récompense et de punition. On les voyait fréquemment d’ensemble, et la truie explorait le terrain aussi régulièrement que ses pointers, arrêtant le gibier debout (elle avait un excellent nez) et travaillait aussi bien avec les autres chiens qu’un véritable pointer ne l’aurait fait. Quand elle arrivait sur l’émanation du gibier, elle ralentissait son trot, et redressait progressivement ses oreilles et sa queue, puis lorsquelle était enfin sure d’elle, elle s’agenouillait. Son arrêt était si ferme, qu’il lui arrivait fréquemment de rester ainsi cinq minutes, voire davantage. Dès que le gibier s’était envolé, elle revenait aussitôt vers son maître, et grognait très fort afin de réclamer sa récompense, si toutefois le garde chasse ne lui avait pas immédiatement donné sa farine d’orge. »
Faut il vraiment s’étonner de cela? Les porcs sont depuis très longtemps réputés pour leur excellent odorat, et étaient fréquemment utilisés pour la recherche des truffes.
J’ai découvert plusieurs cartes postales montrant des cochons truffiers intitulées « L’arrêt » (en voici une représentée ci-dessous), et qui semblent montrer que cette aptitude, à défaut d’être naturelle, n’est pas rare, ou peut être suscitée par le biais du dressage.
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