Cailles japonaises: les dangers de l’hybridation

15 juin 2007 at 20 h 30 min

Une sous espèce de caille venant d’Asie, la caille japonaise (coturnix japonica), est couramment élevée en France. Cette dernière, domestiquée depuis longtemps, est facile à élever. C’est la caille de chair que l’on trouve au marché, ou sur l’étal du boucher…

caille mélanique et caille de tir, F.Bérille

Les lâchers de cailles japonaises étant interdits depuis toujours, les éleveurs ont eu l’idée de croiser des cailles des blés et des cailles japonaises. Cette hybridation était destinée d’une part à améliorer les piètres qualités de gibier des cailles japonaises, trop grosses, et quasiment incapable de voler, mais aussi à contourner la règlementation. Rien ne distingue morphologiquement (ou presque) les cailles des blés naturelles de certaines cailles hybrides.
Certaines ACCA, afin de palier à la baisse des effectifs de cailles des blés (coturnix coturnix coturnix), ont procédé pendant des années à d’importants lâchers d’individus hybrides, comme cailles de tir.
Des études ont démontré que les individus hybrides, lâchés massivement dans la nature, sont parfaitement capables de se reproduire avec les cailles sauvages. Pire, les hybrides mâles ont quasi systématiquement le dessus sur les mâles sauvages, gênant leur reproduction. Il résulte de ses croisements une pollution génétique dangereuse pour la caille des blés.
En effet, les cailles hybrides, en se croisant avec les cailles sauvages, donnent des individus majoritairement dépourvus d’instinct migratoire. Du fait qu’ils ne migrent pas, et que les conditions en France leur sont défavorables, peu survivent.
Les cailles des blés sauvages, en se croisant avec eux, n’ont donc pas pu léguer leur patrimoine génétique, et leur population migratrice n’est pas renouvelée.
certains individus hybrides, qui ont conservé un minimum d’impulsion migratoire, et qui parviennent à se rendre en Afrique du Nord, polluent le réservoir naturel de l’espèce situé la bas (formation de population sédentaires). Les individus hybrides qui, sans aller jusqu’en Afrique, ont atteint des zones favorables à leur survie, comme le sud de l’Espagne, tendent également à créer des populations sédentaires…
Seule une étude du chant permet de distinguer les individus hybrides des cailles des blés « Pures », et ainsi évaluer le degré de pollution d’une population.
Rappelons le: les lâchers de cailles japonaises, et de cailles hybrides sont totalement interdits en France. Il ne faut donc lâcher sous aucun prétexte dans la nature des cailles japonaises (ou hybrides) vivantes pour l’entrainement des chiens d’arrêts. D’abord parce que ces cailles volent mal, et qu’elles sont attrapées quasi systématiquement par le chien (qui comprend qu’il n’ a pas besoin d’arrêter pour attraper du gibier: cela l’incite à le « bourrer »), mais aussi parce qu’il en va de la survie des cailles migratrices.
Sources: http://vogelwarte.mpg.de/documents/seb/DeregnaucourtetalApplAnimBehavSci2005.pdf
http://vowa.ornithol.mpg.de/documents/seb/BarilanietalBiolcons2005.pdf