Documentaire « A la redécouverte de la caille »

4 décembre 2015 at 9 h 55 min

Nous avions annoncé voici déjà quelques mois dans une lettre adressée à l’ensemble des adhérents de l’association nationale des chasseurs de cailles (ANCC) qu’un documentaire de 52 minutes, entièrement consacré à la caille des blés, était en cours de réalisation. Notre association s’est très largement impliquée dans ce projet, et de très nombreuses séquences (scènes de chasse, interviews) mettent en scène nos adhérents.
Il n’y avait quasiment aucun documentaire consacré à la caille des blés, et notre association ne peut que se féliciter du fait d’avoir contribué à la réalisation d’un reportage aussi complet, et surtout d’une telle qualité.
Après plusieurs mois de tournage étalés entre le printemps et le mois de septembre 2015, sa première diffusion à eu lieu le 07/12/2015 sur la chaine « Seasons ».
Pour tous ceux qui n’ont pas eu l’occasion de le voir un extrait mis en ligne sur youtube. Ce dernier montre d’ailleurs en introduction une scène de chasse sur les terrains de Mr Philippe Aribaud Damery, trésorier de l’association:

Généralités sur la biologie de la caille

15 août 2007 at 11 h 05 min

La caille des blés fait partie de l’ordre des galliformes, et de la famille des phasianidés dont elle est le plus petit représentant, et le seul qui soit migrateur. L’espèce est présente sur l’ensemble du territoire français. On la trouve dans presque toute l’Europe, à l’exception de la Scandinavie.
Ce petit oiseau migrateur, de forme ronde, accuse un poids variant entre 90 et 145 grammes environ (selon les moments de l’année) pour une taille de 16 à 19cm. La caille atteint son poids maximal juste avant d’effectuer sa migration. Ces réserves de graisse lui permettent d’entreprendre son voyage. Son plumage est brun strillé. Un dimorphisme sexuel assez discret existe entre le mâle et la femelle.
Dès la mi février, les cailles entreprennent par étape leur migration retour à partir des différents sites d’hivernage africains. Les oiseaux nichant en France franchissent le détroit de Gibraltar, puis les pyrénées.
Elles commencent à arriver en France à partir du mois d’avril et vont dans les champs de céréales encore verts. A partir du mois de mai, dès que les mâles ont établis leurs territoires, on commence à entendre leur chant caractéristique destiné à attirer les femelles. Ces derniers défendent leurs territoires contre leurs rivaux.

caille des blés

C’est la femelle qui choisit le mâle d’après la qualité de son chant. Après la fin de la ponte, le mâle quitte la femelle, et se dirige de façon erratique vers de nouveaux territoires, à la recherche de nouvelles femelles.
Les femelles nichent dans les friches et les champs de céréales à partir de la mi-mai. Elle pondent dans une légère dépression située sur le sol 10 à 12 œufs qu’elle couveront pendant 17 jours en moyenne. A peine éclos, les petits suivent leur mère. La croissance des cailleteaux est rapide. Ces derniers sont déjà capables dès l’âge de 11 jours de s’enfuir en voletant. Ils volent normalement dès l’âge de 20 jours, et sont totalement indépendants à 1 mois. Ces derniers sont capable d’entreprendre la migration retour vers les sites d’hivernage de l’Afrique dès l’âge de deux à trois mois.
La migration retour débute à partir du 15 août et et se poursuit durant le mois de septembre, jusque début octobre, lorsque le temps est favorable.
La caille se nourrit très majoritairement de petites graines de plantes adventices, d’insectes et de céréales tombées au sol. Cet infatigable oiseau pieteur parcours inlassablement les chaumes à leur recherche. Les jeunes cailleteaux quant à eux consomment beaucoup d’insectes dans les premiers jours de leur vie, puis rapidement de petites graines.

L’estimation des populations de cailles des blés est sujette à caution. Selon l’association Birdlife International, le nombre de couples nichant en France serait compris entre 50 000 et 200 000 (2.8 à 4.7 millions de couples pour l’ensemble de l’Europe). Le CNRS estime pour sa part que le nombre de mâles chanteurs dans l’ensemble de l’Eurasie se situe dans une fourchette de 3,75 à 7,25 millions.
Bien que le nombre d’oiseaux puisse varier fortement d’une année sur l’autre, on remarquera au passage la totale imprécision de ces chiffres.
Une étude internationale conduite entre 2006 et 2009 dans plusieurs pays (Maroc, Portugal, Espagne, France) et coordonnée pour sa partie française, par l’IMPCF (1) semble apporter de nouveaux éléments. Elle démontre que la méthode de comptage utilisée jusqu’ici par Birdlife International (comptage réalisés uniquement à partir des mâles chanteurs) est en fait totalement inadaptée à l’espèce, car elle ne prend pas en compte le renouvellement des mâles chanteurs sur un même site. Birdlife compte un seul oiseau, lorsqu’en réalité ce sont plusieurs mâles bien distincts qui se succèdent sur une même place, comme l’ont démontré les captures. Les effectifs pourraient être en réalité jusqu’à 8 à 10 fois supérieurs aux estimations de birdlife, décidément bien peu scientifiques.
A suivre…
(1) IMPCF: Institut Méditerranéen du Patrimoine Cynégétique et Faunistique

Les lâchers de cailles, c’est interdit!

15 juin 2007 at 21 h 30 min

Il faut le rappeler: l’élevage, la détention, et la commercialisation de la caille des blés, considérée comme gibier de passage, sont strictement interdit en France (cf. arrêtés ministériels des 28/02/1962 modifié pour l’élevage, 17/04/1981 modifié, 20/12/1983 modifié et 12/08/1994 pour la commercialisation).
De même, la caille japonaise (la caille de chair que l’on trouve dans les marchés et sur les étals) ne doit pas faire l’objet d’actes de chasse ou de lâchers (art.L411-3 du code de l’environnement).
Cette interdiction est due au risque de croisements entre les cailles japonaises et les cailles de blés sauvages, pouvant aboutir à terme à la disparition des cailles migratrices (voir article « Cailles japonaises: les dangers de l’hybridation », rubrique « Quelques mots sur sa chasse »).

Les chasseurs qui enfreignent cette réglementation et qui utilisent des cailles japonaises, ou des hybrides, comme cailles de tir encourent des poursuites judiciaires.
La caille japonaise n’appartenant pas à la liste des oiseaux considérés comme gibiers, le simple fait de la chasser peut être être considéré comme un mauvais traitement, ou même un acte de cruauté envers un animal domestique.

De nos jours, il est encore quasi systématique de voir des dresseurs professionnels utiliser, en toute illégalité, des cailles pour le dressage des chiens (elles sont bien souvent importées d’Espagne, ou l’élevage des cailles de tir reste malheureusement, autorisé).
Ne parlons pas des chasses commerciales qui, sous prétexte que leur terrains sont clos, continuent de pratiquer, en toute illégalité, des lâchers de « cailles de tir » (en réalité des hybrides).

Faites un geste pour les cailles sauvages: n’achetez pas ces pseudos cailles de tir, et surtout, n’en relâchez jamais dans la nature.
Il n’y a pas d’erreur possible:Les lâchers de cailles, quels qu’ils soient, sont strictement interdits!

Principaux biotopes favorables aux cailles

15 juin 2007 at 20 h 50 min

Les prairies naturelles ou artificielles (Luzerne, trèfle, sainfoin, ray-grass, dactyle, brome, fétuque) constituent des milieux favorables pour les cailles. Ce type d’habitat leur permet de se déplacer au sol tout en restant abritées des prédateurs. Il offre également d’excellentes possibilités alimentaires, supérieures à celles des céréales. Les cailles y trouvent de nombreuses graines, mais aussi de nombreux insectes, particulièrement importants pour l’alimentation des cailleteaux. Il est essentiel pour la caille de disposer d’un couvert végétal d’une quarantaine de centimètres.
Même après leur fauche au mois de juin, les prairies repoussent en quelques semaines, et constituent de nouveau un milieu favorable.
A noter que cet habitat ne demeure intéressant que tant qu’il n’est pas broyé par des moyens mécaniques. L’utilisation de moyens chimiques est également très néfaste.
On peut voir ci dessous une ancienne prairie, devenue naturelle au fil des années. Le trèfle, et bien d’autres espèces de graminées y prédominent.

prairie

Autre habitat incontournable de la caille, comme son nom l’indique: les champs de blés.
C’est probablement grâce à eux , et à quelques autres types de céréales ( orge, avoine, sarrasin, seigle, triticale -c’est un croisement de seigle et de blé-…) que l’espèce s’est développée dans le monde.
Ces cultures offrent un habitat qui reste assez tardivement en place dans la saison. L’orge est moissonnée fin juin, le blé à la mi-juillet, et le sorgho et la triticale fin août. La préférence des cailles va au céréales d’hiver qui fournissent un couvert végétal plus important, et plus tôt dans la saison. Le biotope « idéal » est constitué de petites parcelles de céréales variées, bordées de fossés.
Les cailles arrivent en France dès le mois d’avril. Elles se fixent alors principalement dans les champs de blés encore verts. Ils constituent à la fois un abri, et une source de nourriture. Les cailles sont essentiellement granivores. Toutefois, en période de reproduction, ces dernières consomment beaucoup d’insectes (fourmis, coléoptères…).
C’est dans ce biotope que ces dernières vont s’accoupler, couver leurs oeufs, et élever leurs petits. Elles y demeureront après les moissons du mois de juillet, et cela jusqu’au mois d’août, début septembre, époque de la migration retour vers l’Afrique. A moins que les chaumes ne soient prématurément retournés par les agriculteurs, ce qui a pour effet de précipiter leur départ…

champ de blé vert

D’autres types de céréales ( Tournesol, mais, soja) ne sont pas favorables à la caille car elles offrent peu de couvert végétal et de plantes adventices. Quelques cailles se fixent parfois dans les fossés garnis d’herbes en bordure de ces champs en l’absence d’autre possibilités.
Même si les cailles ne vivent pas dans les maïs, elle semblent beaucoup apprécier leur proximité en raison de leur irrigation. Un chaume de blé, bordé d’un maïs irrigué constitue souvent une configuration très favorable. L’utilisation des canons, dont le jet déborde le plus souvent dans les cultures voisines, permet une pousse rapide du couvert végétal, et assure une certaine fraicheur aux heures les plus chaudes de la journée. Autre élément d’explication: JC Guyomarc’h, l’un des spécialistes mondiaux de l’espèce, relève que les femelles ont d’important besoins en eau lors de la ponte. L’irrigation favoriseait des couvées plus nombreuses.

Cailles japonaises: les dangers de l’hybridation

15 juin 2007 at 20 h 30 min

Une sous espèce de caille venant d’Asie, la caille japonaise (coturnix japonica), est couramment élevée en France. Cette dernière, domestiquée depuis longtemps, est facile à élever. C’est la caille de chair que l’on trouve au marché, ou sur l’étal du boucher…

caille mélanique et caille de tir, F.Bérille

Les lâchers de cailles japonaises étant interdits depuis toujours, les éleveurs ont eu l’idée de croiser des cailles des blés et des cailles japonaises. Cette hybridation était destinée d’une part à améliorer les piètres qualités de gibier des cailles japonaises, trop grosses, et quasiment incapable de voler, mais aussi à contourner la règlementation. Rien ne distingue morphologiquement (ou presque) les cailles des blés naturelles de certaines cailles hybrides.
Certaines ACCA, afin de palier à la baisse des effectifs de cailles des blés (coturnix coturnix coturnix), ont procédé pendant des années à d’importants lâchers d’individus hybrides, comme cailles de tir.
Des études ont démontré que les individus hybrides, lâchés massivement dans la nature, sont parfaitement capables de se reproduire avec les cailles sauvages. Pire, les hybrides mâles ont quasi systématiquement le dessus sur les mâles sauvages, gênant leur reproduction. Il résulte de ses croisements une pollution génétique dangereuse pour la caille des blés.
En effet, les cailles hybrides, en se croisant avec les cailles sauvages, donnent des individus majoritairement dépourvus d’instinct migratoire. Du fait qu’ils ne migrent pas, et que les conditions en France leur sont défavorables, peu survivent.
Les cailles des blés sauvages, en se croisant avec eux, n’ont donc pas pu léguer leur patrimoine génétique, et leur population migratrice n’est pas renouvelée.
certains individus hybrides, qui ont conservé un minimum d’impulsion migratoire, et qui parviennent à se rendre en Afrique du Nord, polluent le réservoir naturel de l’espèce situé la bas (formation de population sédentaires). Les individus hybrides qui, sans aller jusqu’en Afrique, ont atteint des zones favorables à leur survie, comme le sud de l’Espagne, tendent également à créer des populations sédentaires…
Seule une étude du chant permet de distinguer les individus hybrides des cailles des blés « Pures », et ainsi évaluer le degré de pollution d’une population.
Rappelons le: les lâchers de cailles japonaises, et de cailles hybrides sont totalement interdits en France. Il ne faut donc lâcher sous aucun prétexte dans la nature des cailles japonaises (ou hybrides) vivantes pour l’entrainement des chiens d’arrêts. D’abord parce que ces cailles volent mal, et qu’elles sont attrapées quasi systématiquement par le chien (qui comprend qu’il n’ a pas besoin d’arrêter pour attraper du gibier: cela l’incite à le « bourrer »), mais aussi parce qu’il en va de la survie des cailles migratrices.
Sources: http://vogelwarte.mpg.de/documents/seb/DeregnaucourtetalApplAnimBehavSci2005.pdf
http://vowa.ornithol.mpg.de/documents/seb/BarilanietalBiolcons2005.pdf

Identification de l’oiseau

15 juin 2007 at 18 h 40 min

La caille des blés vit en milieu ouvert dans les prairies et les champs de céréales.
Son observation en milieu naturel est difficile, car il s’agit d’un oiseau de petite taille qui vit quasi constamment sous les herbes, dans les chaumes. On ne peut l’apercevoir que rarement à découvert.
L’utilisation de chiens d’arrêt n’est pas une garantie d’observation de l’oiseau au sol. On ne l’aperçoit qu’à l’envol la plupart du temps. L’excellent mimétisme de la caille lui permet de se cacher, même dans un chaume clairsemé. Il peut arriver parfois de la voir blottie, mais c’est loin d’être systématique…
Le premier contact avec cet oiseau est souvent le même: alors que vous marchez dans un chaume, une caille part au dernier moment dans vos pieds à l’instant ou vous vous y attendez le moins.
Le bruit à l’envol est caractéristique: « Un coup de sifflet aigu, strident, argentin », comme l’écrit Cassassoles.
On peut essayer de rechercher les discrètes dépressions ou les cailles prennent leur bains de poussières. Le moyen le plus facile de repérer leur présence reste leur chant caractéristique, le fameux « paye tes dettes! ».
Il y a encore quelques décennies, le chant de la caille était entendu partout dans les campagnes, et connu de tous. Cela explique sans doute les nombreuses appellations dont il a fait l’objet. On dit de la caille qu’elle courcaille, carcaille, cacabe, margotte, margaude, pituite.
Le chant le plus aisément identifiable est celui émis par les mâles célibataires.

Caille des blés 5/06/2011 par blogobs
Ces derniers essaient d’attirer à eux les femelles. Celui des femelles est beaucoup plus discret. On peut entendre le chant des cailles assez fréquemment, d’avril jusqu’en août. La fréquence du chant augmente le soir, et dure parfois une partie de la nuit.

chant d’un mâle caille des blés

chant d’une femelle caille des blés

(Enregistrements : Anne PINCZON DU SEL – BRULÉ, J.C. GUYOMARC’H, Patrick MUR)

De par sa forme, la caille des blés ressemble à une perdrix grise en miniature. Le dos est de couleur brun cendré, avec des raies transversales de couleur roussâtre, et des traits d’un blanc jaunâtre. Le dessus de la tête est brun, avec trois bandes jaunâtres (deux sur les côtés, une plus fine au milieu).
(De gauche à droite: tête mâle et tête femelle)

male caille des blésfemelle cailles des blés

Le dessous du ventre est de couleur légèrement rousse.
Il existe un dimorphisme sexuel relativement discret entre les mâles et les femelles. La façon la plus sûre de sexer mâles et femelles demeure l’observation de la gorge. Le mâle présente une gorge de couleur roux orangé, avec deux bandes noirâtres, tandis que celle des femelles est à dominante blanche, mouchetée de brun foncé. (cf dessin ci contre: fig 1 mâle, fig 2 femelle, fig 3 oeuf, fig 4 poussin)

Caracteristiques

Les mâles sont de taille sensiblement égale aux femelles .
Il peut exister des variations entre les individus au niveau de la coloration. On peut voir sur la photo ci dessous deux mâles côte à côte. Le mâle de droite présente un ventre de couleur roux « classique », avec des barres noires peu dessinées sous la gorge (presque grises), tandis le ventre du mâle de gauche ne comporte que peu de roux. On peut également voir au niveau de la gorge qu’il présente une importante tâche noire.

Comparaison gorge 2 mâles

On peut voir ci dessous par opposition la gorge d’une femelle qui est de couleur blanche, mouchetée de brun et de noir.

Gorge caille femelle

Le bec est de couleur gris brun, et les pattes sont de couleur rose chez l’adulte (jaune pour les jeunes immatures).
Les oeufs quant à eux sont pondus dans une petite dépression garnie d’herbes sur le sol. Ces derniers ont une couleur jaunâtre et sont couvert des grosses tâches brunâtres et irrégulières. Ils sont assez semblables à ceux de la caille du japon que l’on peut trouver couramment dans le commerce.

Habitat et répartition de l’espèce

6 mars 2007 at 6 h 59 min

L’aire de répartition de la caille des blés s’étend du nord ouest de l’europe (à l’exception de la scandinavie) jusqu’aux portes de l’asie, en passant par l’Afrique du nord.  Mais on la trouve jusqu’en Inde (cf carte) 

Ccoturni

Selon JC Guyomarc’h, l’effectif total des populations reproductrices en Eurasie (28 pays concernés) est estimée entre 3 750 000 et 7 250 000 mâles chanteurs, qui se trouvent essentiellement en Russie ( 40% du total), au Kazakhstan, en Espagne et en Ukraine (environ 15% chacun).
On peut constater que les populations de caille des blés passent leurs quartiers d’hiver dans l’ouest et le sud africain. Plusieurs sous espèces existent en Afrique, même si une seule (coturnix coturnix coturnix) fréquente notre vieux continent.
La caille des blés vit en milieu ouvert, et se rencontre sur toute l’étendue du territoire français, jusqu’à 2200 mètres d’altitude.
 On la rencontre principalement dans des champs de céréales (surtout les champs de blés et d’orge, mais aussi seigle, sarrasin, avoine, triticale) et certaines prairies (sainfoin, trèfle, luzerne mais aussi ray gras, dactyle, brome, fétuque).
Elle recherche des terrains herbacés qui lui permettent de se cacher, et lui assurent ainsi une protection contre les prédateurs. La caille fréquente des secteurs humides (polders, prés salés, polders), mais évite les zones trop arides, avec un couvert clairsemé. Cette dernière ne craint pas pour autant la chaleur, puisqu’elle hiverne en Afrique.
Même dans une région ou les cailles sont présentes en nombre, un simple chaume de blé ne constitue pas une garantie d’en trouver. Il y a des champs à « cailles », ou on les retrouve d’années en années, et d’autres pourtant en apparence similaires, ou on n’en trouve jamais… En résumé, c’est un peu comme pour les champignons: il y a des « coins » et ça ne s’explique pas…
Les champs les plus favorables sont des champs plats, ou en légère pente, situés sur des fonds de vallée ou sur des plateaux.

 biotope caille

Les cailles sont généralement groupées sur les bordures des chaumes, près des fossés garnis de plantes adventices (il s’agit de plantes sauvages que l’on retrouve dans les champs de céréales ou leur périphérie), à proximité des champs de tournesol, ou de maïs.
Même si elles ne vivent pas dans les champs de maïs culture qui leur est totalement hostile, elles semblent apprécier leur proximité, probablement en raison de leur irrigation.
L’activité des cailles varie selon les moments de la journée, et les conditions climatiques. Ces dernières évitent  autant que possible  les excès d’humidité ou de chaleur et effectuent des allers retours constants entre leurs remise préférées: luzernes, trèfles, sainfoins, sarrasin, vignes mal entretenues, prés, chaumes, bordures de haies, limites de champs et talus herbeux . On les trouve surtout le matin dans les chaumes herbeux ou les prairies à la recherche de nourriture. Lorsqu’il fait trop chaud, ces dernières se mettent à couvert, et attendent que la fraicheur du soir soit revenue pour sortir de nouveau.
Phénomène curieux: les cailles sont fidèles aux mêmes endroits, recoins de champs d’une année sur l’autre, malgré l’alternance de types de cultures (tournesol, maïs, colza par exemple) moins favorables. C’est un peu comme s’il fallait absolument qu’elles reviennent sur les lieux ou elles sont nées pour y reproduire à leur tour…
 Les cailles apprécient les champs composés de petites parcelles, et comportant côte à côte plusieurs variétés de céréales ( mais aussi des jachères, prairies…).
On trouve encore des cailles en assez grande densité dans de nombreux départements en France pendant la période estivale. Il en est autrement dès la fin août, début septembre, période ou la migration a débuté… 

L’herbe à caille ou "sarretch"

5 mars 2007 at 18 h 57 min

J’ai pu observer, comme beaucoup de chasseurs, que certaines plantes adventices que l’on trouve dans les friches et les chaumes de blés semblent tout particulièrement attirer les cailles. Elles se présentent sous forme de touffes d’herbes de couleur jaune (lorsqu’elles arrivent à maturité), surmontées de petits épis. Ces derniers contiennent de nombreuses petites graines de couleur noire.
Je n’ai connu pendant bien longtemps ces plantes que sous leur surnom occitan: le « sarretch » ou « sarraï », ou celui « d’herbe à cailles ».
Le « sarretch », traduit en français, désigne une plante graminée annuelle de la famille des poacées, la setaire (ou panic) qui comprend toutefois plusieurs sous variétés. J’ai quelque peu tâtonné afin de retrouver la variété exacte…
Simon Jude Honnorat (1) traduit le mot « sarrech » dans son dictionnaire français occitan comme l’appellation locale dans le midi toulousain du Panic Verticillé. Bien que les différentes variétés de panic soient d’apparences assez proches, l’examen de plusieurs photos de panic verticillé m’ont conduit à penser que cela ne correspondait pas aux plantes que j’avais pu observer. Il y a bien sûr en premier lieu la possibilité d’une erreur d’identification de l’auteur. L’autre possibilité serait que le terme « sarrech », tel qu’il est encore usité aujourd’hui, soit beaucoup moins précis, et qu’il désigne en réalité indifféremment plusieurs variétés de sétaire (j’ai pu observer dans un champ de la proche région toulousaine au moins 3 variétés distinctes présentes dans un seul et même champ, à quelques mètres d’écart).
Sous toute réserve, la variété que j’ai le plus souvent observée dans les chaumes fréquentés par les cailles semble être « seteria viridis », ou sétaire verte.
Setaria_viridis_plant

Un pied se Setaire verte (Setaria Veridis)

Source photo: http://www.lookfordiagnosis.com

Il s’agit d’une plante sauvage, vraisemblablement à l’origine de la variété domestiquée et encore aujourd’hui cultivée « setaria italica » (surnommé aussi « millet d’Italie » ou « millet des oiseaux »).
On peut lire au sujet de la variété cultivée dans le dictionnaire des sciences naturelles (1825): « Cette espèce est originaire de l’inde et depuis longtemps cultivée en Europe, surtout en Italie, en Allemagne et dans le midi de la France (…). Ses graines servent à nourrir la volaille, les serins et les petits oiseaux que l’on élève en cage. On en fait aussi dans quelques cantons de la farine, qu’on mange cuite en bouillie avec du lait ou du bouillon. Dans les temps de disette on en fait même du pain. »
Même si la sétaire verte ne possède pas, et on le comprend aisément, tous les atouts de la forme cultivée, cette dernière est en quelque sorte, une mini céréale sauvage.

Est ce que les cailles en apprécient tout particulièrement les graines (abondantes et de petite taille), mais aussi le couvert (les deux peut être)?
J’ai prélevé des graines de Setaire directement sur des plantes, et je les ai comparées à d’autres graines que j’avais retrouvées dans des jabots de jeunes cailles immature. J’ai ainsi pu déterminer avec certitude que les graines consommées par les jeunes cailles provenaient bien de cette plante.
L’examen systématique du contenu des jabots de nombreuses jeunes cailles, m’a permis de déterminer que plus ces dernières sont jeunes, plus la proportion de graines de setaire est importante dans leur alimentation. Cette plante semble donc jouer un rôle essentiel dans l’alimentation des cailleteaux, ce qui permettrait d’expliquer la présence très fréquente de couvées aux abords de ces fameux ronds de « Sarrech ».
Autre constatation: lorsque les cailles arrivent à l’âge adulte, on ne retrouve presque exclusivement dans leur jabot que des graines de blé.

(1) « Dictionnaire provençal-français, ou, Dictionnaire de la langue d’oc » Par Simon Jude Honnorat, 1847