"La caille et le lion"

11 mars 2007 at 15 h 18 min

Voici une très jolie fable africaine extraite du livre « Fables sénégalaises recueillies de l’ouolof et mises en vers français, avec des notes destinées à faire connaître la Sénégambie », rédigé par M. le Bon Roger et publié en 1828.

Le lion et la caille

Un lion plein de feu, d’audace et de jeunesse,
Las de sa force et du repos,
Défiait tous les animaux.
« Je ne crains, disait il dans sa fougueuse ivresse,
Ni le monstrueux éléphant
A la trompe terrible, à la dent redoutable ;
Ni l’immense Boa, ce reptile géant,
Qui semble un grand palmier renversé par le vent
Ni le crocodile effroyable,
Tyran de la terre et des eaux ;
Ni la formidable panthère,
Féroce sans besoin, par instinct sanguinaire;
Ni l’Hiene recherchant la nuit et les tombeaux
Pour cacher son œil louche et sa faim funéraire.
Je suis le maître de la terre,
Je suis le roi des animaux.
Pour me le disputer nul n’est d’assez téméraire;
Rien ne peut m’effrayer, m’émouvoir. » – A ces mots,
Une caille blottie et qui dormait dans l’herbe,
Réveillée en sursaut par cette voix superbe,
Sous le pas du lion s’envole brusquement,
Décrit ses deux crochets, et fuit comme le vent.
Le lion tout surpris fait un pas en arrière !

Ainsi d’un pauvre oiseau le vol précipité
Suffit pour arrêter ce lion téméraire,
Lui qui se proclamait naguère
Seul ne redoutant rien et partout redouté.

Pourquoi tant d’orgueil, de fierté ?
Tu bravas en héros les périls de la guerre ;
Oui, mais devant un souffle, un rien, une chimère,
Echouera ta témérité.