Histoire Naturelle, de Buffon, "Les oiseaux"

14 mars 2007 at 9 h 31 min

Le comte de Buffon (1707-1788) était intendant du jardin des plantes de 1739 à 1788, jardin qui sera transformé par la suite en muséum d’Histoire Naturelle.

Buffon 1707-1788

Il est l’auteur d’une monumentale « Histoire naturelle » en 36 volumes (elle a été écrite collectivement entre 1749 et 1788), qui le rendra célèbre. Cet ouvrage a fait de Buffon un précurseur en matière d’histoire naturelle, et l’un des scientifiques les plus connus et les plus lus de son époque. Cette oeuvre sera traduite et rééditée dans plusieurs pays.

En l’honneur du troisième centenaire de sa naissance, le CNRS consacre un site très complet à ce dernier: http://www.buffon.cnrs.fr/?lang=
On peut librement consulter sur ce site son oeuvre (en version texte ou image), et même la télécharger en intégralité. Rien de moins!

L’Histoire Naturelle de Buffon est un ouvrage monument qui à longtemps fait référence. L’influence en est considérable: la plupart des encyclopédies d’histoire Naturelle, très à la mode au 19eme siècle, en sont directement inspirées.

la caille buffon, 1771

Gravure originale en couleur extraite d’une édition de 1771.

caille

Gravure originale en couleur par François Nicolas Martinet, extraite de « L’Histoire naturelle de Buffon » (1780)

Gravure allemande, buffon

Gravure extraite d’une édition allemande de l’Histoire Naturelle de Buffon (1786)

L’œuvre de Buffon à été traduite et publiée dans de nombreux pays, peu de temps après sa parution. On remarquera au passage que la gravure de l’édition allemande ci-dessus est une copie assez fidèle au niveau du style, de celle réalisée par François Martinet.

buffon 1822

Illustration provenant d’une édition Belge de 1822 (H.R. Duthilloeul et H. Tarlier, Bruxelles)

Gravure anonyme 1837

Gravure provenant d’une édition de 1835, augmentée de la classification de Cuvier

cailles , buffon

Illustration provenant d’une réédition (fin 19eme Siécle)

Dans le Tome XVII, Buffon consacre pas moins de 38 pages à ce petit oiseau qu’est la caille. Ce chapitre est remarquable (à l’image de l’ensemble de l’ouvrage), et réalise une synthèse parfaite des connaissance de l’époque sur sa biologie.
Il est librement consultable à partir du lien ci-dessous:
http://www.buffon.cnrs.fr/ice/ice_page_detail.php?lang=fr&type=text&bdd=buffon&table=buffon_hn&bookId=17&typeofbookDes=hn&pageChapter=La+Caille.&pageOrder=456&facsimile=off&search=no

Buffon ne se contente pas de réaliser une énième compilation, comme nombre de ces prédécesseurs: Il essaie d’adopter une démarche rationnelle, scientifique.
Le chapitre concernant la caille est l’illustration parfaite de cette démarche novatrice. Il rassemble de précieuses références bibliographiques, très complètes, sur l’oiseau et démontre une immense érudition. Le point de vue de chacun des auteurs est habilement inséré et commenté.
L’auteur du texte est, très probablement, l’abbé Gabriel Bexon (1748-1784) qui a largement collaboré à la rédaction des volumes de l’histoire Naturelle consacrés aux oiseaux.
Ce dernier pressent le rôle des vents favorables dans la migration des cailles, et se montre parfois sévère quant au manque évident de bon sens de certains auteurs anciens. Il fustige également ses propres contemporains qui continuent de compiler les œuvres antiques, sans prendre aucun recul vis à vis de leur contenu.
Il rapporte certaines croyances concernant la migration des cailles: Selon Oppien, la présence de petits cailloux dans le jabot des cailles s’explique par le fait qu’elles laisseraient tomber ces derniers un à un durant leur vol, afin de vérifier le moment ou elles ont dépassé la mer. L’auteur rappelle que cette croyance est erronée, et que les cailles avalent de petites pierres avec leur nourriture (ce qui leur permet de mieux digérer), comme beaucoup d’oiseaux granivores.
Il parle également du phénomène des cailles résidentes, qui ne touche toutefois qu’une petite partie des oiseaux, et fait allusion aux combats de cailles qui existent depuis l’antiquité, et se perpétuent encore au 18eme siècle. Il note enfin que ces dernières se prennent très facilement dans les pièges lorsqu’elles sont attirées par des appelants, ou au moyen d’un appeau.